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Que sommes-nous réellement prêts à sacrifier quand on veut un appart à soi ?

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Charlotte Papin
Mis à jour le 14 mars 2024
Que sommes-nous réellement prêts à sacrifier quand on veut un appart à soi ?

Acheter son nid douillet, c'est souvent une quête guidée par des critères précis, de la cuisine à la vue idéale. Pourtant, entre rêve et réalité, le pas peut sembler colossal, sauf pour les plus déterminés. Pretto s’est demandé jusqu'où on est prêt à aller pour concrétiser son rêve de devenir propriétaire ?

Entre aspirations sociales et constats

Avoir son propre chez-soi, c'est détenir le pouvoir d'abattre un mur sur un coup de tête un samedi matin (mais pas trop tôt pour éviter les conflits de voisinage), mais c'est aussi avoir la tranquillité de posséder quelque chose qui nous appartient vraiment. Derrière ce projet qui prend forme au fil du temps, il y a un besoin essentiel de sécurité et de stabilité. Des éléments clés pour le bien-être émotionnel et psychologique, comme Maslow l'a expliqué dans sa célèbre pyramide des besoins.
Pyramide de Maslow
Alors forcément, quand on recherche LE bien, celui qui déclenchera le coup de cœur, on a envie qu'il soit vraiment à notre image. Pareil pour une location, vous pourriez nous dire. Oui mais non. Car acheter, c’est aussi un mécanisme de reproduction sociale. On ne le sort pas de notre chapeau, mais plutôt des travaux du sociologue Pierre Bourdieu qui a exploré la manière dont la propriété peut être liée au capital social, économique et culturel. Selon lui, être propriétaire, c'est en quelque sorte avoir sa place dans le monde. Et quand on constate le flot de publications sur les réseaux sociaux où nos amis partagent fièrement LA photo avec les clés en main, accompagnée du fameux #propriétaires, cela prend tout son sens.
Est-ce qu'il y a une pression sociale pour devenir propriétaire ?

Mais pourquoi diable votre famille, vos amis et les réseaux sociaux vous harcèlent-ils constamment avec l’achat immo ? Pretto a cherché à comprendre pourquoi la propriété semble être une préoccupation sociétale générale.

C'est autour de cet objectif que se construit un imaginaire. On veut que ce lieu nous ressemble, qu’il soit à notre image et c’est là que les rêves de grandeur trouvent racines. C’était le cas pour Alexis, développeur web de 32 ans. “Avant de devenir proprio, j'avais une vision claire de ce que je voulais : un appartement de 45 m² minimum à La Guillotière, à Lyon”.

Jusqu’ici, son brief ressemble à beaucoup d’autres, mais les critères du jeune Lyonnais ne s'arrêtent pas là. “J’avais envie d’une orientation plein sud pour avoir un maximum de soleil et dans un étage le plus élevé possible”. Des critères qui lui semblent plutôt atteignables mais qui demandent un budget qu’Alexis n’a pas. Après quelques recherches, il peine à trouver un appartement qui trouve grâce à ses yeux mais surtout qui entre dans ses critères et sa capacité d’achat. “En faisant les calculs, j’ai vu que je pouvais plutôt cibler un appart 10 m² en dessous de mes envies parce que c’est le secteur le plus cher du 7e arrondissement de Lyon. Mais je tenais à la stabilité que j’avais trouvé dans ce quartier”.

La stabilité, c’est un point important dans le fait d’habiter. Pour le sociologue Emile Durkheim, détenir sa propre maison, c’est un ancrage au cœur de la communauté. C'est précisément ce que recherchait Alexis. "J'étais catégorique sur le fait que je voulais vivre dans ce quartier et pas un autre car j'étais attaché à son ambiance, à mes habitudes, à ses restaurants.

Alexis n'est pas le seul à avoir des critères bien définis. Les Français préfèrent les maisons, comme le met en évidence le baromètre Procivis-Harris Interactive, réalisé en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès. D’ailleurs, 46 % d'entre eux se voient plutôt dans l'ancien, tandis que seulement 26 % dans le neuf.

Ces attentes sont parfois chamboulées par la réalité du marché ou de nos moyens, au point d’ébranler notre projet. Le baromètre Procivis-Harris Interactive indique que d’ailleurs, les prix de l'immobilier sont le principal obstacle à l'achat (même avec les baisses de prix), suivis des taux d'intérêt.

Alors pour Alexis et beaucoup d’autres, face à des situations qui ne correspondent pas toujours à leurs aspirations, l'adaptation devient inévitable. “Au départ, j’étais persuadé que je pourrais être l’exception qui confirme la règle parce que j’avais beaucoup d’espoir dans ce projet d’achat. Après une grosse période de déni, j’ai accepté le fait que je devrais faire des compromis.

Être résilient pour repenser son projet

Le déni, c’est un peu comme le premier tour d'une montagne russe émotionnelle : on sait que ça va monter, mais on préfère se persuader du contraire. Puis arrive l'acceptation et parfois la tristesse et la colère. Alexis, lui, a vécu cette phase un moment avant de s'orienter vers des biens plus modestes, mieux ajustés à sa situation financière. Jusqu'à tomber sur LA pépite. “J'ai mis plusieurs mois à trouver un appartement qui me convenait. Un 36 m² parfaitement agencé qui donnait vraiment l'impression d’avoir plus d’espace. Ça a suffit à me convaincre.”

Preuve est qu’au bout du tunnel, il y a aussi des bonnes surprises ! Et Alexis est loin d’être le seul à revoir sa copie : un Français sur deux a revu ses attentes à la baisse lors de ses recherches selon le baromètre Procivis-Harris Interactive. Mais sur quels critères exactement est-on prêt à revoir son brief initial ?

  • Le type de logement,

  • La taille du bien,

  • La localisation.

En première position, c’est la surface que l’on est prêt à sacrifier. En 2023, 24 % des 18-34 ans étaient prêts à acheter un bien immobilier plus petit pour devenir propriétaire dans un marché immobilier difficile, selon notre sondage mené en collaboration avec YouGov.
De combien on parle exactement ? À Paris et dans la première couronne, les primo-accédants doivent souvent faire une croix sur environ 38 % de surface habitable, soit à peu près à la taille d'une pièce de 11 m². C'est ce que révèle une étude de Virgil, une société dédiée à faciliter l'accès à la propriété pour les jeunes actifs.

En 2022, les candidats à l'achat perdraient déjà 26 % de surface habitable, soit un quart, ce qui est déjà beaucoup.” précise Saskia Fiszel, co-fondatrice de Virgil

A quoi ressemble l’appartement idéal des Parisiens ?

La Ville des lumières attire tout autant l’ amour passionné que le rejet catégorique, et ce, pas uniquement chez ceux qui n’y vivent pas. Pretto s'est aventuré à explorer les attentes de ceux qui ont fait de Paris leur chez-soi.

C’est d’ailleurs ce qu’à vécu Ludivine, qui a emménagé il y a quelques mois après presque un an de recherche “On avait en tête une superficie minimum et un scénario idéal qui a bien sûr été rattrapé par la réalité financière.”

Mais lors de recherches, la primo-accédante de 36 ans et son conjoint réalisent qu’ils vont devoir faire des concessions. “On a rogné sur des mètres carrés. On espérait 4 chambres et 2 salles de bain. On était un peu ambitieux (rires). On a acheté plus petit mais on a à peu près le minimum qu’on s’était fixé. Les critères impératifs sur lesquels on ne voulait pas négocier, c’était les 3 chambres et un bout de jardin, et c’est ce qu’on a réussi à trouver”.

Même scénario pour Emma qui était en quête d'un appartement en région parisienne avec son conjoint : “Au départ, l'idée était de se rapprocher de Paris, 1ère voire 2ème couronne.” Puis, au fil des recherches, leurs critères évoluent : “Rapidement en explorant les annonces, j'ai constaté que moi qui désirais une pièce en plus, je me retrouvais avec des biens plus petits.” Ils décident finalement de chercher près de chez eux. Et réalisent qu'ils pourraient même changer de type de bien : “Nous sommes tombés sur des annonces qui montraient qu'avec notre budget, pour à peu près le même nombre de mètres carrés, nous pouvions avoir une maison au lieu d'un appartement.”

Pourtant, avoir une maison n'était même pas une option qu’ils avaient envisagée. “Pour mon mari qui a grandi en appartement, c'était un peu un rêve inaccessible.

Les premières recherches sont infructueuses. “Nous avons visité des maisons refaites à neuf mais trop petites, qui tenaient plus de la dépendance que de la maison telle que l'on s'imagine.” Peu séduits par cette option, ils continuent d’élargir leur champ de recherche. “Petit à petit, nous avons constaté que nous pouvions acheter une maison plus grande, mais avec des travaux. À la base, ce n'était pas le projet mais on s'est dit 'pourquoi pas'.”

De fil en aiguille, Emma et son conjoint changent une deuxième fois de localisation. “J'avais un collègue qui vivait dans le 91. Il y a acheté une maison et les prix étaient abordables.

Exit l’appartement où poser directement ses valises dans le 92, le couple recherche désormais des maisons avec travaux dans le 91 jusqu’à trouver la bonne. “J'ai vu une annonce, il y avait peut-être trois photos pas incroyables mais je me suis dit 'je tente le tout pour le tout'.” Finalement, c’est le coup de cœur. “La première chose qui nous a charmés, c'est que c'était une vraie maison, une semi-meulière avec un jardin. Et je n'ai même pas vu les travaux.” Emma et son mari sont maintenant propriétaires depuis presque 10 ans de cette maison d'environ 80 m² avec un terrain de 371 m² et une dépendance, qu'ils ont réhabilitée.

Aujourd’hui, le couple cherche une nouvelle fois une maison plus éloignée de Paris. Depuis le début de leurs recherches, ils ont déjà ajusté leurs critères. Emma voit désormais sa recherche avec plus de pragmatisme. “Je me dis que le bien qui va déclencher un coup de cœur, ou dans lequel on va se projeter, ce n'est peut-être pas celui que l'on avait imaginé à la base.

D’ailleurs, dans l'exercice du pragmatisme et de la résilience, les femmes semblent un peu plus prêtes à faires des concessions que les hommes. Elles se déclarent même prêtes à explorer de nouvelles régions ou départements pour concrétiser leur projet d'achat immobilier. Selon le baromètre dédié aux rêves immobiliers des Français de Bien'ici, environ 57 % des femmes interrogées se disent prêtes à franchir le pas, tandis que les hommes y sont moins favorables, avec un taux de réticence dépassant les 51 %.
En dépit des obstacles, acheter reste l'objectif affirmé par 61 % des locataires français selon le baromètre Procivis 2024. Face à un contexte parfois difficile, ils sont nombreux à se réinventer pour transformer leurs rêves en réalité quitte à mettre la main à la pâte.
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