Et si le statut de bailleur privé était la solution pour sortir de la crise immobilière ?

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Et si la clé pour desserrer l’étau de la crise du logement venait de filer entre nos doigts ? Avant sa démission officielle le 9 septembre, François Bayrou avait promis d’inscrire dans sa déclaration de politique générale un tout nouveau statut fiscal pour les bailleurs privés. Attendu depuis des années, il avait, sur le papier, de quoi redonner envie aux particuliers — aujourd’hui refroidis par les impôts et les contraintes — d’investir dans la pierre.
Le 28 août, lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France, François Bayrou a confirmé que le statut fiscal du bailleur privé, issu du rapport Daubresse–Cosson, figurerait dans sa déclaration du 8 septembre.
Le Premier ministre a démissionné le lendemain, laissant le projet en suspens.Les particuliers détiennent près de 7,74 millions de logements locatifs en France (source : ANIL).
Sans mesures incitatives, l’investissement locatif privé continue de reculer.
Un maillon indispensable du logement
Pourquoi ?
- Une fiscalité décourageante. Les loyers sont taxés comme des revenus fonciers, soumis à l’impôt sur le revenu (jusqu’à 45 %) et aux prélèvements sociaux (17,2 %). Concrètement, un bailleur imposé à 30 % peut voir près de la moitié de ses loyers partir en impôts et charges.
Un propriétaire qui loue un appartement pour 800 € par mois encaisse 9 600 € de loyers bruts par an. Après impôts, prélèvements sociaux et charges, son revenu net tombe souvent sous la barre des 5 000 €. Pas vraiment de quoi encourager à investir !
- Des règles qui se durcissent. Entre audits énergétiques obligatoires et interdiction progressive de la location des passoires thermiques, les contraintes autour du diagnostic de performance énergétique (DPE) qui imposent des travaux souvent coûteux, difficiles à amortir avec les loyers.
La peur des impayés. Entre procédures longues pour récupérer un logement squatté et une augmentation des loyers impayés, nombre de propriétaires préfèrent renoncer.
Ce que Bayrou avait en tête
Le rapport parlementaire Daubresse–Cosson, qui a inspiré le projet, proposait un arsenal de mesures fiscales pour relancer l’investissement :
Amortissement fiscal de 4 à 5 % par an, avec bonus pour les loyers abordables.
Micro-foncier revalorisé : abattement de 50 % jusqu’à 30 000 € de revenus.
Exonération de l’IFI (Impôt sur la fortune immobilière) pour les logements loués en longue durée.
Réduction du délai d’exonération des plus-values à 20 ans. au lieu de 22 ans actuellement.
Déficit foncier boosté (mesure fiscale pour encourager les propriétaires bailleurs à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leurs logements), relevé de 10 700 à 40 000 €.
Xavier est propriétaire et loue un appartement ancien acheté 180 000 €. Avec le statut de bailleur privé envisagé par François Bayrou, il pourrait déduire chaque année environ 7 200 € de son revenu imposable, simplement grâce à la règle d’amortissement.Si on ajoute la possibilité de déclarer jusqu’à 40 000 € de travaux au lieu de 10 700 €, ses impôts sur les loyers baisseraient fortement. De quoi donner envie d’investir.
Une promesse stoppée en plein vol
Problème : ce statut devait être officialisé le 8 septembre dans la déclaration de politique générale. Mais François Bayrou a perdu son vote de confiance le jour même, puis démissionné le lendemain. Résultat : le projet est resté en suspens.
Pourtant, l’urgence reste la même. Sans bailleurs privés, l’offre locative risque de s’effondrer encore davantage alors que la France fait face à une crise du logement qui s’aggrave année après année.
Pourquoi cette réforme reste nécessaire
Le statut fiscal du bailleur privé répond pourtant à trois urgences :
- Redonner de l’attractivité à l’investissement locatif.
- Installer un cadre fiscal clair et stable.
L’idée est d’inscrire ce statut dans la loi de finances 2026, pour offrir de la visibilité aux investisseurs, au lieu d’une succession de dispositifs temporaires.
- Réorienter l’épargne des ménages vers le logement.
La chute du gouvernement Bayrou a transformé une promesse pour les bailleurs privés en incertitude. Mais inutile de céder au pessimisme : le débat est lancé, et plusieurs mesures pourraient revenir dès le budget 2026. Aux investisseurs de rester attentifs, la pierre pourrait redevenir un placement attractif… si le prochain gouvernement passe enfin à l’action !

