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Pourquoi le statut de bailleur privé pourrait ne pas suffire face à la crise du logement ?

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Ingrid Servaes
Rédigé le 27 novembre 2025
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Bonne nouvelle sur le papier : le fameux « statut de bailleur privé » a enfin été adopté. Pour la première fois, le Gouvernement affiche clairement qu’il compte sur les propriétaires privés pour remettre des logements abordables sur le marché. Symboliquement, c’est un virage important… mais entre fortes contraintes et avantage fiscal trop faible, ce n’est pas vraiment la bouffée d’oxygène tant attendue. On vous explique pourquoi ?

Infos clés
  • Le dispositif de bailleur privé est une avancée politique : il reconnaît le rôle des bailleurs privés dans la lutte contre la crise du logement.

  • Le dispositif est cependant très (trop ?) encadré, avec de nombreuses contraintes sur le bien, le loyer, la durée d’engagement…

  • La rentabilité des petits bailleurs est déjà sous pression : hausse de la taxe foncière (+37,3 % en 10 ans en moyenne sur le territoire selon l'Union Nationale de la Propriété Immobilière), coût des assurances, risques d’impayés et vacance locative accentuent la prudence des investisseurs.

Le statut de bailleur privé : un signal politique fort

Le statut de bailleur privé, adopté par l’Assemblée nationale pour une mise en application dès le 1er janvier 2026, marque une avancée très attendue. Il faut dire que depuis l’arrêt du dispositif Pinel, les mesures réellement incitatives se faisaient rares, laissant planer un certain flou pour celles et ceux qui souhaitaient investir.

Avec ce projet, le discours évolue, l’État reconnaît enfin le rôle des petits bailleurs privés et leur propose un cadre fiscal dédié, censé être plus stable que les dispositifs temporaires successifs.

Dans les grandes lignes, le principe repose sur l’amortissement d’une partie du prix du logement, ou du coût des travaux, pour les biens loués nus, avec un loyer encadré, à partir du 1er janvier 2026. La logique est simple : plus vous proposerez un loyer modéré et un engagement long, plus vous bénéficiez d’un avantage fiscal. Sur le principe, l’intention est louable. Dans la réalité, le texte adopté manque d’ambition.

Un cadre rassurant pour l’État, moins pour l’investisseur

Bien que les modalités exactes ne soient pas encore complètement définies, le statut de bailleur privé, pourtant présenté comme prometteur, comporte déjà plusieurs limites. Lesquelles ?

CritèreÉligibleNon éligible
Date d'achatInvestissement à partir de 2026Biens achetés avant 2026
Type de bien neufLogements collectifs uniquementMaisons individuelles
Type de bien ancienObligation de travaux d’au moins 20% du prix d'achatBien en bon état ou petits travaux
Type de locationLocation nue (vide)Location meublée (LMNP/LMP)
Loyer pour pouvoir accéder à l’amortissement Loyer plafonné en dessous du marché libre + Location longue durée avec un engagement de location minimum de 12 ansLoyer libre au prix du marché

Même l’atout phare, l’amortissement, reste très encadré : base limitée à 80 % du prix du bien, taux variable selon le type de loyer et plafond annuel de déduction fixé à 8 000 € par foyer fiscal.

Sur le papier, le dispositif protège les locataires et permet de rendre le logement plus accessible. Mais dans la pratique, les investisseurs pourraient juger ce levier peu attractif, alors qu’ils continuent à supporter les nombreux risques liés à la mise en location.

« Revenir sur les règles, c’est casser la confiance »

*“Il faut relancer l’investissement locatif, mais aussi le marché immobilier dans son ensemble, mais je ne pense pas que ce type de mesures ait un impact structurel positif sur le marché immobilier. On perçoit une volonté de relancer le neuf, ce qui est indispensable, mais cela reste insuffisant : il faut aller plus loin.

Concernant l’ancien, on voit aussi une volonté, et c’est une bonne chose, de rééquilibrer la location meublée par rapport à la location nue. Aujourd’hui, le marché a surtout besoin de logements loués nus, notamment des surfaces un peu plus grandes, destinées aux familles qui cherchent à se loger durablement.

Le problème, c’est que ces mesures cherchent à encourager les nouveaux investisseurs ou les futurs projets, alors que, dans le même temps, elles pénalisent ceux qui ont déjà investi. C’est ce point qui me dérange le plus : revenir sur des règles établies remet en cause la confiance.”*

Nicolas Baugitte, CEO de Eight (Investissement locatif clé en main)

Investissement locatif : la reprise se fait attendre

Alors que les acheteurs « classiques » recommencent progressivement à se positionner sur le marché immobilier, les investisseurs restent beaucoup plus en retrait, ou souhaitent vendre dès que possible. Selon le site d’annonces et d’estimations Meilleurs Agents, le nombre de logements proposés à la location sur sa plateforme a reculé de 8,6 % entre octobre 2023 et octobre 2024.

Prenons le cas de Romain. Il possède un petit T2 dans la métropole lilloise qu’il loue pour compléter ses revenus. Quand il a acheté en 2021, l’idée était simple : un investissement tranquille pour plus tard. Aujourd’hui, entre la taxe foncière qui grimpe, les charges, les travaux, il a parfois l’impression de faire de la haute voltige… sans filet. Et Romain n’est pas un cas isolé : beaucoup de petits propriétaires bailleurs évoquent une lassitude croissante, nourrie par une fiscalité jugée lourde et une hausse continue des coûts.

Et lorsque l’on ajoute la médiatisation des squats et la crainte des impayés, l’image du “revenu locatif tranquille” commence à sérieusement se fissurer. Le jeu en vaut-il toujours la chandelle ?
Comme le résume Juliette Gressier, Conseillère en investissement locatif et Co-fondatrice de vosprojetsimmo.com

*“Le contexte actuel reste particulièrement tendu pour les investisseurs, notamment les petits bailleurs. Les charges augmentent, la fiscalité progresse… tandis que les loyers, eux, peinent à évoluer au même rythme. Sans parler des risques bien connus comme les dégâts des eaux ou les impayés !

Sur ce point, mieux vaut jouer la carte de la prudence : privilégier un locataire en situation d’emploi stable, demander une caution et envisager une Garantie Loyers Impayés (GLI) ou le dispositif Visale permet d’ajouter un filet de sécurité.”*

Alors oui, le “statut de bailleur privé” apporte bien une avancée et un cadre plus lisible. Mais à lui seul, il ne suffit pas à redonner confiance à l’ensemble des investisseurs ni à relancer massivement l’offre locative. Entre contraintes fortes et fiscalité persistante, la marge de manœuvre reste étroite.

Questions fréquentes sur le statut de bailleur privé

Qui peut bénéficier du statut de bailleur privé ?

Uniquement les investisseurs qui réalisent un nouvel achat à partir du 1er janvier 2026, dans le neuf ou dans l’ancien avec travaux importants. Le bien doit être loué vide, avec un loyer et un locataire respectant des plafonds précis.

Puis-je cumuler le statut de bailleur privé avec d'autres dispositifs fiscaux ?

Non. Le statut de bailleur privé n'est pas cumulable avec d'autres avantages fiscaux comme le Denormandie, le déficit foncier classique ou les dispositifs d'investissement outre-mer. Vous devez choisir. En revanche, vous pouvez avoir plusieurs biens avec des régimes différents : un bien en LMNP, un autre avec le statut de bailleur privé.

Un bien acheté en 2024 ou 2025 peut-il bénéficier du statut ?

Non. Le dispositif s'applique uniquement aux investissements réalisés à partir de 2026. Les biens achetés en 2024 ou 2025 restent sous les anciens régimes (LMNP, location nue classique, déficit foncier). Aucun "rattrapage" n'est prévu.