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Location immobilière

À Marseille, on ne veut plus d’Airbnb et on le fait savoir !

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Charlotte
Mis à jour le 2 décembre 2024
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Face à une crise du logement qui s’éternise, Marseille a décidé de passer à l’action. Notamment en limitant les locations Airbnb. Exit la spéculation touristique : désormais l’objectif est de favoriser l’accès au logement pour les habitants. Et pour y arriver, la municipalité ne fait pas dans la demi-mesure ! On vous explique tout.

Airbnb dans le viseur

À Marseille, comme dans d’autres villes de France, la tension sur le marché du logement est compliquée. Entre la hausse des loyers et la pénurie de logements disponibles, se loger devient un véritable parcours du combattant. Alors pour permettre aux Marseillais de trouver des logements, la municipalité a décidé de s'attaquer aux locations de courte durée.

Car la location touristique met sérieusement à mal les efforts de la ville pour faire face à la crise du logement. Patrick Amico, adjoint municipal chargé du logement à Marseille, souligne au Figaro que la ville a besoin « de 4500 logements par an et le plan local d’urbanisme prévoit la construction de 3500 logements annuels ».

Mais la prolifération des logements loués sur des plateformes comme Airbnb ne fait qu’aggraver la situation en réduisant le nombre de logements disponibles et en tirant les loyers vers le haut : « si on en produit 4 500 [logements] et qu’on en perd 2 000 sur un an car ils sont transformés en résidence de tourisme, on est dans un système fou furieux ».

Aujourd’hui, une part importante des logements est consacrée à la location touristique dans des quartiers emblématiques, comme Le Panier, où près de 7 % des habitations sont louées en courte durée sur Airbnb ou Booking. Sur le long terme, les autorités locales constatent une véritable transformation de ces quartiers, parfois aux dépens de la vie des habitants. « Aujourd’hui, sur les 12 600 meublés courte durée à Marseille, 55 % sont des résidences secondaires, et 70 % des propriétaires ne sont pas marseillais », ajoute Patrick Amico.

Une bataille symbolique

Parmi les initiatives les plus marquantes : la suppression des boîtes à clés utilisées pour les locations Airbnb. Ces derniers temps, les Marseillais ont pu apercevoir dans les rues des agents municipaux découpant à la disqueuse ces boîtiers métalliques installés dans l’espace public, sous le regard curieux — et parfois perplexe — des passants. Coup de communication bien ficelé pour certains, symbole d’un véritable changement pour d’autres.

Si cette action symbolique ne résoudra pas la crise du logement à elle seule, elle s’inscrit tout de même dans une série de mesures visant à freiner le phénomène. Comme le souligne Didier Jau, maire des 4e et 5e arrondissements à France Bleu : « on n’a pas de baguette magique. Tout cela, c’est un faisceau de solutions ». Néanmoins, le retrait des boîtes à clés envoie un message clair aux investisseurs potentiels : la priorité de la ville est de protéger le marché locatif pour les habitants et de limiter les dérives de la spéculation touristique.

Freiner les locations de courte durée à tout prix

Pour affronter cette situation, le maire de Marseille, Benoît Payan, a décidé de durcir la réglementation sur les locations de courte durée. Désormais, les propriétaires de résidences secondaires devront "compenser" chaque logement loué en courte durée en créant un autre logement disponible sur le marché classique. Cette obligation, qui s’applique dès la première résidence secondaire, devrait en dissuader plus d’un. Patrick Amico précise que la ville souhaite « revenir vers le fonctionnement d’origine des plateformes comme Airbnb », où seule la résidence principale peut être louée, et ce, pour un maximum de 120 jours par an.

Pour assurer la mise en œuvre de ces nouvelles règles, la ville a également renforcé sa brigade de contrôle. En 2023, elle comptait six agents contre dix aujourd’hui pour intensifier les inspections et traquer ceux qui tenteraient de contourner les règles. Quant aux sanctions, elles s’annoncent lourdes : les propriétaires non conformes risquent jusqu'à 50 000 euros d'amende, un montant assez dissuasif pour décourager les abus.

Vers un marché locatif plus équilibré ?

Si la mairie de Marseille croit dur comme fer que ses actions vont changer la donne, certains professionnels du secteur immobilier sont plutôt sceptiques. C’est le cas d’Alexandre Augusto, de la société Terra Capital, estime que ces restrictions risquent de décourager les touristes de choisir Marseille comme destination. Selon lui, certains investisseurs chercheront à contourner les règles ou continueront à louer sous les conditions actuelles tant qu’ils le pourront.

Malgré ce scepticisme, l’administration marseillaise, elle, espère que ces mesures contribueront à alléger la pression sur le marché locatif. Isabelle Girard, présidente de la commission de gestion locative de l’union des syndicats de l’immobilier Provence Corse, souligne que l’explosion des loyers est en partie due aux excès de la location de courte durée.

Pour elle, en limitant ces pratiques, la ville pourrait retrouver un peu de stabilité dans le marché locatif : « Le phénomène Airbnb a pris de l’ampleur il y a deux ou trois ans, avec une grande majorité des acquéreurs de petites surfaces dans le centre-ville qui faisait du Airbnb. Maintenant, avec cette décision de la mairie, et le changement fiscal annoncé par le gouvernement sur le sujet, je pense que ça va complètement stopper la masse des Airbnb. » confie t-elle au Figaro.

La position de Marseille suscite des réactions, et la loi “anti-Airbnb” en discussion au Gouvernement n’y est pas pour rien. Dans un contexte où se loger devient un défi pour beaucoup de Français, les villes espèrent réguler ce marché en ébullition. Mais ce bras de fer s’inscrit dans une vision de long terme, visant à rétablir un équilibre durable.

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