Immobilier : faut-il se lancer à la rentrée malgré la remontée des taux ?

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Qui dit rentrée, dit projets, mais aussi (et surtout) questionnements immobiliers ! Alors que le marché semblait reprendre des couleurs cet été, les taux et l’incertitude politique sèment de nouveau le doute. Faut-il mettre son projet en pause ou, au contraire, foncer avant que la situation ne se dégrade ? Pour le savoir, nous avons interrogé Pierre Chapon, cofondateur de Pretto.
En octobre 2025, les taux immobiliers se situent globalement entre 3,19 et 3,36 %.
Pour certains profils, il reste possible de trouver des offres légèrement en dessous de 3 %.
Les prix de l’immobilier se sont stabilisés à l’échelle nationale, avec une hausse d’environ 2 % à Paris après plusieurs années de baisse (-15 %).
Environ 40 % des primo-accédants bénéficient d’une aide familiale (donation ou héritage) pour financer leur achat.
« Oui, les taux augmentent, mais on reste loin de la catastrophe »
Les OAT (Obligations Assimilables du Trésor) sont des emprunts émis par l’État français pour financer sa dette. Leur taux reflète combien la France doit payer pour emprunter de l’argent sur les marchés financiers.
Côté prix : la stabilisation domine
Pour autant, le marché reste contrasté : « Les prix signés se stabilisent, mais les vendeurs, portés par l’embellie des taux avant l’été, tentent parfois de viser plus haut. » Conséquence ? Dans un marché rationnel, avec des taux entre 3 et 3,5 %, les marges de négociation restent encore importantes.
Et Pierre Chapon d’ajouter une précision importante sur ces profils : « Un client bankable, ce n’est pas forcément quelqu’un qui gagne 80 000 €. C’est aussi celui qui a la capacité à épargner régulièrement. »
Primo-accédants : « Commencer petit et engager la discussion familiale »
Il encourage donc à anticiper ces discussions, en rappelant que même une somme de 5 000 ou 10 000 € peut faire la différence aux yeux d’une banque. Avec un taux d’épargne particulièrement élevé en France, il estime que, dans de nombreuses familles, un tel apport reste envisageable.
Et pour ceux qui n’ont pas cette chance ? « Il va falloir revenir au parcours de nos parents ou grands-parents et accepter de commencer petit. Acheter un studio ou un deux-pièces, capitaliser, puis revendre plus tard. Ça fait un peu vieux jeu, mais je pense que ça revient. »
En juillet 2025, le taux d’épargne des ménages français a atteint un niveau record : près de 19 % du revenu brut mis de côté. « Ça veut dire que les banques, elles ont un coussin, un matelas important pour prêter. Donc il n’y a pas de problème de liquidité », souligne Pierre Chapon.
Investissement locatif : « Des opportunités, mais une fiscalité incertaine »
- nouvelles contraintes liées au DPE*
Sa conclusion est claire : pour un investisseur déjà aguerri, le moment peut offrir de réelles opportunités. En revanche, pour quelqu’un qui n’a jamais réalisé d’investissement locatif et s’interroge sur le bon timing, l’incertitude actuelle plaide plutôt pour la prudence.
« Un marché redevenu normal »
Après les taux, les prix et l’apport, c’est l’humeur générale du marché qu’il faut interroger. Et sur ce point, Pierre Chapon se veut réaliste : pas de catastrophe à l’horizon, mais pas d’euphorie non plus. « On a connu des années un peu euphoriques entre 2019 et début 2022, avec 1,2 million de transactions. Aujourd’hui, on tourne à 900 000. Les taux à 1 %, on les oublie », tranche le co-fondateur de Pretto.
Pour lui, il s’agit désormais d’accepter une nouvelle normalité : le marché retrouve un rythme plus classique, où les biens ne se vendent plus en deux jours, où la négociation reprend sa place, tout en laissant l’achat tout à fait possible.
Et il faut surtout, relativiser : « Les prix montent, baissent, la fiscalité change… c’est le jeu de l’immobilier. L’essentiel, c’est de garder un bien au moins cinq ans. Un taux à 0,2 de plus ou de moins ne pèse rien face à la valeur d’un logement dans lequel on se projette. »
Malgré les secousses politiques, la rentrée 2025 reste un moment propice pour acheter, à condition d’ajuster ses ambitions à ses moyens et de penser long terme.