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Immobilier : quand l’achat devient source d’anxiété

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Nelly Deflisque
Rédigé le 29 octobre 2025
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Se lancer dans un achat immobilier par les temps qui courent ? Vous n’y pensez pas, ma bonne dame ! C’est en tout cas ce que semblent penser - peu ou prou - 67 % des 1 620 internautes interrogés par Notariat Services dans son dernier sondage, réalisé en septembre. Une frilosité qui se comprend aisément : entre crises politiques, réchauffement climatique et incertitude économique, acheter un bien charrie désormais son lot de questionnements… et d’angoisses. On décrypte le phénomène avec Charline Schmerber, psychothérapeute et autrice du Petit guide de survie pour éco-anxieux (éd. Philippe Rey).

Charline Schmerber est praticienne en psychothérapie (formée à l’Analyse Psycho-Organique) et installée à Montpellier. Elle s’est spécialisée depuis plusieurs années dans l’accompagnement des émotions liées à l’état du monde – notamment l’éco‑anxiété – et intervient régulièrement en conférences et médias sur ces questions.

Sans surprise, Charline Schmerber, psychothérapeute, constate depuis quelques années une augmentation du nombre de patients souffrant d’anxiété liée à l’immobilier. Un trouble qui s’adosse à celui, plus large, de l’éco-anxiété, dont on parle actuellement beaucoup.

« Mes patients se demandent si un ancrage est vraiment possible, par exemple dans le Sud de la France, ou dans des villes où il fait de plus en plus chaud. » Acheter devient un dilemme existentiel : “Est-ce que cet endroit va me permettre de me sentir en sécurité ? Est-ce que je vais devoir l’aménager, le protéger, le rendre vivable ?

Cette réflexion, autrefois réservée aux urbanistes ou aux écologistes convaincus, s’immisce désormais dans le quotidien des acheteurs. « Cela crée une grande difficulté à se projeter dans l’avenir », note la spécialiste, qui parle d’une véritable incapacité à se sentir “chez soi” dans un monde perçu comme instable.

Pour aller plus loin :

Une conscience écologique qui peut freiner certains acheteurs

Autre symptôme de cette fameuse immo-anxiété : la culpabilité écologique. « Certains patients me disent : “J’ai acheté un bien ancien, mal isolé… Est-ce que je n’aurais pas dû opter pour du neuf, plus sobre en carbone ?” », témoigne Charline Schmerber.

Ces patients oscillent ainsi entre le souci du respect de l’environnement et le pragmatisme budgétaire, se retrouvant alors dans une forme de grand écart mental. « Ils savent que leur achat ne correspond pas tout à fait à leurs valeurs, mais ils le font quand même. Et ça crée un vrai malaise intérieur. »

Face à cette tension, la psychologue invite à relativiser : « Je rappelle souvent qu’on ne joue pas sa vie sur un achat. On peut revendre, changer, évoluer. Il faut sortir de cette idée de choix définitif. »

Les jeunes générations, moins obsédées par la pierre

Pendant longtemps, avoir sa maison rien qu’à soi était le Graal à décrocher pour asseoir son statut social. Mais ces dernières années ont vu cet idéal de vie s’effriter peu à peu… « Chez les générations plus âgées, posséder un bien restait synonyme de succès. Mais pour les jeunes, les priorités changent », analyse la psychologue Charline Schmerber. « Les jeunes adultes ne sont pas dans un super état émotionnel, psychologique. Ils cherchent d’abord du sens. » Proprio les jeunes ? Libres, plutôt ! D’autant que, parfois, ce détachement n’est pas un vrai choix mais une conséquence : dans certaines régions, l’accession à la propriété est devenue tout simplement hors de portée, malgré la volonté d’acheter et de se sécuriser.

Ainsi, certains rêvent moins d’un trois-pièces à crédit que d’un emploi sur quatre jours ou d’une vie plus mobile, voire nomade. « Cette insécurité intérieure les empêche aussi de faire le même type de choix que leurs parents. La sécurité ne se retrouve plus forcément dans la pierre, mais ailleurs », souligne-t-elle.

Conjuguer sentiment de liberté et achat immobilier

Attention aux raccourcis qui voudraient opposer cette jeune génération angoissée aux boomers, plus rationnels et pragmatiques. « C’est tout à fait légitime aujourd’hui de ressentir de l’insécurité» assure-t-elle. « Les crises politiques, la géopolitique, le climat… tout cela pèse sur le sentiment de stabilité. C’est logique que beaucoup aient du mal à se projeter. »

Reste à ne pas céder totalement à la peur du grand saut. « Ce n’est pas parce qu’on achète qu’on se condamne à y rester toute sa vie. On peut revendre, évoluer… On ne joue pas sa vie sur un achat immobilier », rassure-t-elle.

D’autant que Christophe Goubet courtier, rappelle que les futurs acheteurs ont pris le pli de cet effet “yoyo” de l’actualité. « Depuis le Covid, les jeunes générations ont vu tellement de choses, qu’elles se sont habitués à être flexibles. Les jeunes acheteurs prennent désormais l’état du monde actuel comme une donnée classique, et cela ne les empêchent pas d’avancer. »

En bonus, la spécialiste propose un remède doux : le “tourisme immobilier”. « Je suggère à mes patients d’aller visiter des endroits sans pression d’achat, juste pour voir comment ils se sentent, ce que ces lieux leur évoquent. C’est une façon d’apprivoiser la peur. »

Ce petit exercice, presque ludique, permet de reconnecter le rationnel et le sensible. Et parfois, de raviver la flamme : celle d’habiter, de bâtir, de croire un peu en l’avenir. À l’heure où même les taux d’intérêt semblent nous narguer, la clé n’est peut-être pas tant financière que psychologique.  « Acheter, c’est avant tout chercher un endroit où l’on se sent en sécurité» rappelle Charline Schmerber. « Mais la sécurité n’est pas qu’un lieu, c’est aussi une posture intérieure. »

Alors, pour les futurs acquéreurs qui tremblent à chaque simulation de prêt ou prévision climatique, le conseil est simple : respirez, explorez, relativisez. La maison parfaite n’existe pas, mais le bon moment pour se sentir à sa place, lui, finit toujours par arriver !