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Le prix c’est tabou ! Pourquoi n’aime-t-on pas dire en France à combien on a acheté son bien ?

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Charlotte Papin
Publié le 22 janv. 2024
Le prix c’est tabou ! Pourquoi n’aime-t-on pas dire en France à combien on a acheté son bien ?

Vous êtes l'heureux propriétaire de cet appartement que vous convoitiez depuis plusieurs mois. Depuis, vous ressentez que les autres ont une envie irrépressible de connaître le montant de votre acquisition. Parce que, soyons honnêtes, même si discuter argent reste délicat en France, la curiosité n'épargne ni Roger à la pause café, ni Tata Denise entre deux plats. Alors, pourquoi un si grand tabou ?

Les Français ont un rapport particulier avec l’argent. Entre jugement, envie et besoin irrépressible de donner son avis, parler gros sous est toujours un sujet sensible. Alors lorsqu'il s'agit d'un achat immobilier, la conversation n’échappe pas à la règle, non sans une pointe de malaise. Nous avons cherché à comprendre pourquoi.

Un tabou franco-français

Ce n’est un secret pour personne, parler argent en France n’est pas une mince affaire. C’est ce qu’affirme une étude réalisée par l'Ifop pour Le Point. 68 % des sondés considèrent l’argent comme un vecteur d'épanouissement, tandis que 30 % le voient comme une forme d'immoralité.

Pire, il semblerait que nous soyons méfiants face à la richesse, une tendance qu'Olivier Galland, sociologue et directeur de recherche au CNRS, confirme. Dans une interview pour Le Point, il cite plusieurs exemples de discours anti-riches, parmi lesquels les déclarations de Jean-Luc Mélenchon traitant Bernard Arnault, PDG de LVMH, de « parasite », ou encore de Manuel Bompard, député et coordinateur de LFI, qui a déclaré qu'être milliardaire en France est « immoral ». Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres.

Il faut dire que l'argent possède aussi une forte dimension politique. D'après l'étude de l'Ifop, les sympathisants de gauche sont particulièrement critiques, 70% d'entre eux associant l'argent à l'injustice (contre seulement 37% chez les partisans de la majorité présidentielle et 39% à droite) et 55% à la corruption (comparé à 40% et 45% respectivement).

Les Français semblent donc pris dans des injonctions paradoxales, aspirant à gagner de l'argent tout en évitant que cela soit trop visible, et cherchant à réussir sans étaler ostensiblement leur réussite. Un état d'esprit radicalement différent de celui que l'on trouve aux États-Unis, où le self made man est célébré comme un véritable modèle, inspirant les gens plutôt que suscitant la critique.

Le saviez-vous ?

Mais d’où vient cette relation complexe avec l'argent ? Notre héritage catholique et notre patrimoine socioculturel ont une grande influence sur la question. La culture catholique, axée sur la compassion envers les pauvres, a longtemps véhiculé un discours diabolisant l'argent, allant jusqu'à faire de l'avarice l'un des sept péchés capitaux. Dans ces circonstances, l'enrichissement personnel était historiquement fortement désapprouvé.

Le Moyen-Âge a également façonné cette perception, marqué par des sociétés profondément religieuses. Sous l'influence prépondérante de l'Église, l'"usure", c'est-à-dire le gain d'argent en plus d'une somme prêtée, était catégoriquement condamnée et considérée comme immoral et injuste.

S'ajoute à ça la culture jacobine héritée de la Révolution de 1789, où le riche est un ennemi politique. Perspective renforcée par le marxisme, qui exerce une influence significative sur la vie intellectuelle et sociale de la France. Pascal Bruckner, romancier, essayiste et auteur de "La Sagesse de l’argent", souligne dans une interview aux Échos que "la haine de l’argent est la bande-son de la société française", s'incrustant progressivement dans notre culture collective au fil du temps.

Bien que ce soit toujours un sujet qui dérange, les Français sont plus décomplexés par rapport à d’autres époques. L’étude révèle une évolution positive dans la perception de ce sujet délicat, marquée par une augmentation des aspects positifs et une diminution des éléments négatifs (une baisse de 20 points sur les termes "immoralité" et "nuisance"). C’est peut-être pour cela que vos amis veulent tous savoir à quel prix vous avez acheté…

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Quand la curiosité brise les tabous

Acheter une maison ou un appartement, c’est une étape qui peut être source de pression pour certains. Et quand on a décidé de sauter le pas, chacun y va de son petit conseil. De la ville choisie, au contact pour les travaux en passant par les taux actuels, rien n’y échappe. Et derrière ces conseils se cache une question qui suscite tous les intérêts mais que l’on balbutie dans notre barbe : “Tu n’es pas obligé(e) de me répondre mais… ça t’a coûté combien ?

Quand certains n'ont aucun problème à dévoiler les détails, d'autres sont plus réservés. On se demande alors quel est le motif derrière cette curiosité délibérée concernant le coût de votre petit nid douillet. Plusieurs hypothèses peuvent l’expliquer.

  • Le besoin de se comparer aux autres. On a tous tendance à observer la vie des autres, surtout en ce qui concerne la réussite sociale, financière et professionnelle. Demander à votre cousin combien a coûté sa jolie maison dans le Perche vous sert de repère et vous permet de vous positionner par rapport aux normes et aux critères de votre cercle social.

  • Curiosité financière. L'immobilier est souvent un sujet majeur d'investissement financier. Certaines personnes peuvent être intéressées par le coût d'une propriété dans un contexte d'investissement ou pour évaluer le marché immobilier local.

On comprend donc pourquoi certains ont envie de poser la question mais qu’est-ce qui explique que l'on se sente gêné d’en parler ? Même si les générations les plus jeunes ont généralement moins de problèmes à discuter d'argent, tout dépend de chacun. L'argent est le catalyseur de nombreuses projections et frustrations, car il faut le dire, notre société accorde de la valeur à l'individu en fonction de ses revenus. Si certains ont de la pudeur face à ce qu’ils gagnent, d’autres ne veulent pas se sentir jugés sur leurs choix.

Camille, la trentaine, nous partage son point de vue : "L'argent, c'est un sujet toujours un peu compliqué, même avec ses proches. Autour de moi, j'ai des amis avec qui c'est facile d'en parler, d'autres pour qui c'est clivant.

Pour ce qui est de l’achat de sa maison, c’est pareil : “Personnellement, je suis plutôt transparente, si on me demande combien j'ai acheté ma maison ou pour combien j'en ai eu de travaux, je n'ai aucun soucis pour donner les chiffres (d'autant plus qu'on a acheté jeunes et qu'on a mis la main à la pâte, alors ça me rend plutôt fière).

Mais est-ce la même chose quand il s’agit de ses revenus ? Plutôt mais ça dépend avec qui ! “Pareil pour mon salaire, si on me le demande. Mais j'ai aussi des amis qui gagnent moins, ou pour qui l'achat immo est inaccessible, alors avec eux, il y a un peu plus de pudeur."

Dans une société où il est difficilement acceptable de montrer que l’on a de l’argent, il y a ceux qui ont du mal à parler chiffres et ceux que ça ne dérange pas. Quel que soit votre cas, vous n’êtes après tout pas obligé de dévoiler le montant exact de votre achat.

En revanche, ce dont vous pouvez parler, c’est de la façon dont vous avez obtenu votre prêt. D’ailleurs, chez Pretto, lorsqu’un client satisfait parraine un proche, c’est 100 euros pour lui et 200 euros pour son filleul. Une bonne occasion de parler argent sans rougir.

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