La tontine, préparation d’une succession


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Acheter un bien à deux quand on n’est ni mariés, ni pacsés ? Pas simple côté succession. Et pourtant, il existe une option souvent méconnue au nom un peu rétro : la tontine immobilière.
Derrière ce mot qui sonne comme un vieux jeu de société, se cache un outil juridique qui peut vraiment sécuriser l’achat d’un bien en couple. Avec un principe fort : le dernier vivant récupère tout.
Alors, la clause de tontine, bonne idée ou piège à éviter ? À qui s’adresse-t-elle vraiment ? Et comment la mettre en place sans se tromper ? On vous explique tout !
La tontine, c’est quoi exactement ?
Et là, attention : on ne parle pas de succession. Juridiquement, c’est comme si le survivant avait toujours été l’unique propriétaire. Les héritiers ? Ils ne peuvent rien revendiquer.
Autrement dit, la clause de tontine efface les copropriétaires au fur et à mesure qu’ils disparaissent.
Quel est le principe de la tontine immobilière ?
Résultat : le bien ne fait pas partie de la succession. Il revient de plein droit au survivant, et ce, sans démarches notariales complexes.
Ce qui en fait un outil souvent choisi par :
des couples en concubinage, qui ne veulent pas passer par l’indivision ;
des investisseurs proches, qui souhaitent sécuriser leur opération entre eux.
Mais attention, ce fonctionnement original a ses limites. Fiscalité, gestion du bien à plusieurs, blocages en cas de mésentente… La tontine, ça se pense vraiment en amont., on vous explique pourquoi.
Les avantages et inconvénients de la clause de tontine
La tontine peut paraître comme une solution magique : pas de succession, pas de conflits. Mais en pratique, c’est un peu plus nuancé. Voici ce qu’il faut bien peser avant de se lancer.
Ce que la tontine permet
Protéger le survivant sans passer par la case succession
La clause fait du survivant l’unique propriétaire du bien. Résultat : le bien n’intègre pas la succession. C’est une vraie protection pour un concubin, par exemple, qui ne serait pas héritier légal puisque non marié.
Éviter les conflits entre héritiers
Puisque le bien ne fait pas partie de la succession, pas de débat ni de partage avec les enfants ou autres ayants droit. Le bien reste dans les mains de celui qui reste.
Un cadre fiscal avantageux… dans certains cas
Si le bien est la résidence principale, et qu’il ne dépasse pas 76 000 €, le survivant paie uniquement les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), soit les mêmes que lors d’un achat classique. Mais au-dessus des 76 000€, la règle change et peut faire toute la différence.
Exonération pour les couples mariés ou pacsés
Ce que la tontine complique
Une fiscalité qui peut vite grimper
Au-delà de 76 000 €, on bascule dans les droits de succession classiques (DMTG). Et là, si vous êtes concubins, l’addition peut être très salée : jusqu’à 60 % de la valeur de la part transmise.
Un blocage en cas de désaccord
Vous n’êtes pas d’accord pour vendre ou faire des travaux ? La clause de tontine impose l’unanimité pour toute décision. Et comme il est impossible de forcer une vente, la situation peut rester figée… jusqu’au décès de l’un des deux. Oui, littéralement.
Des conditions strictes pour être valable
Pour que la clause soit légale, il faut que :
les acheteurs aient une espérance de vie équivalente;
chacun ait participé au financement du bien.
Sinon ? Elle peut être requalifiée en donation déguisée, avec à la clé : perte des avantages fiscaux, remise en cause du contrat, retour des héritiers dans le jeu…
Comment créer une tontine ?
Les démarches à suivre
La mise en place d’une tontine passe par une clause spécifique insérée dans l’acte d’achat du bien, au moment de la signature chez le notaire. C'est cette clause qui permet de prévoir qu’au décès de l’un des coacquéreurs, sa part reviendra automatiquement au survivant.
Cette clause doit être prévue au moment de l’acquisition. Si elle est ajoutée plus tard, elle risque d’être jugée non valable.
Les conditions à respecter pour que la tontine tienne la route
Ce mécanisme repose sur un principe fondamental : le caractère aléatoire. Concrètement, cela veut dire qu’il doit exister une vraie incertitude sur l’ordre des décès.
Pour que la clause soit juridiquement solide :
Les acheteurs doivent avoir une espérance de vie similaire (pas de gros écart d’âge ou de santé).
Et chacun doit avoir contribué équitablement au financement du bien.
Une tontine entre un père de 75 ans et sa fille de 30 ans aura peu de chances d’être validée, car l’issue semble trop prévisible. Dans ce cas, le contrat peut être requalifié en donation, et les héritiers pourraient récupérer leurs droits sur le bien.
Clause de tontine et SCI
Au décès de l’un des associés, le survivant récupère automatiquement ses parts, sans passer par la succession. Il n’a alors à payer que des droits d’enregistrement, bien moins élevés que les droits de succession classiques.
L’inclusion de toutes les parts de la SCI dans la tontine peut provoquer l’annulation de cette dernière. L’Administration peut en effet considérer la SCI comme un montage réalisé aux seules fins de réduire la taxation, autrement dit un abus de droit.
Tontine et succession : comment se déroule la transmission ?
C’est l’un des grands intérêts de la tontine : elle évite la succession.
Le survivant devient pleinement propriétaire, rétroactivement, sans devoir faire valoir ses droits dans une succession.
Les autres coacquéreurs sont considérés comme n’ayant jamais été propriétaires. Ce qui exclut le bien de leur patrimoine transmis aux héritiers.
Résultat : pas de transmission, pas de droits pour les héritiers, même réservataires.
Comment annuler une clause de tontine ?
La clause de tontine vous semble trop rigide ? Il est encore temps de faire machine arrière, mais tout dépend de la situation.
Annuler une clause de tontine peut être fait de trois manières :
par vente des parts d’un tontinier à l’autre ;
par revente du bien à l’unanimité ;
par requalification du contrat d’achat du bien acquis.
La vente des parts d’un associé à un autre est la solution la plus simple : elle met automatiquement fin à la clause de tontine, car le bien se retrouve entre les mains d’un seul propriétaire. Autre possibilité : si aucun des co-acquéreurs (appelés « tontiniers ») ne souhaite récupérer le bien, ils peuvent décider ensemble de le vendre à un tiers. Dans ce cas, la vente à l’unanimité est nécessaire.
En revanche, il existe un cas plus rare mais à ne pas négliger : l’annulation de la clause de tontine par décision de justice. Elle peut survenir même contre la volonté des tontiniers, notamment en cas de litige ou de désaccord profond.
Lorsque la clause de tontine a été ajoutée a posteriori de l’acquisition d’un bien en indivision, elle peut être requalifiée. En effet, cette situation est désavantageuse pour les héritiers du tontinier qui décède en premier.
- La tontine est une alternative à l’indivision, idéale pour les couples en concubinage qui veulent protéger le survivant.
- Elle peut offrir un avantage fiscal intéressant, spécifiquement en cas de PACS ou de mariage.
- Mais elle impose une gestion à l’unanimité, ce qui peut compliquer les choses en cas de désaccord.
- Enfin, on ne peut pas forcer une sortie de tontine : il faut attendre que l’un des coacquéreurs décède pour que le contrat se dénoue.