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Marché immobilier 2025

Crise du logement : que peut-on vraiment attendre des réformes de 2026 ?

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Ingrid Servaes
Rédigé le 8 décembre 2025
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Qui dit nouvelle année dit nouveaux textes de loi : PTZ musclé, DPE recalibré, arrivée annoncée du statut du bailleur privé… Sur le papier, 2026 ressemble à l’année où l’État tente enfin de remettre un peu d’ordre dans le logement. Mais avec une crise qui s’installe durablement, leur impact pourrait rester limité, on vous explique pourquoi.

Infos clés
  • PTZ revalorisé : les montants minimum passeraient de 79 000 € à 99 000 € et les montants maximum de 156 000 € à 195 000 €.

  • DPE 2026 : avec le nouveau coefficient appliqué à l’électricité, environ 850 000 logements chauffés électriquement pourraient sortir des classes F et G sans réaliser de travaux.

  • Le statut du bailleur privé permettrait d’amortir une partie du prix du logement, mais il resterait très encadré.

Ces mesures, si elles sont adoptées, ne suffiront pas à relancer l’investissement locatif, ni la construction, alors que le neuf traverse une crise historique.

Les grands changements annoncés pour 2026

Après deux ans de blocage, le marché donne enfin quelques signaux de reprise (hausse de 10 % des transactions en 2025 selon Loïc Cantin, le président national de la FNAIM, les taux se stabilisent)… alors même que la crise du logement, elle, continue de s’amplifier. Entre pénurie de logements, tension locative extrême et effondrement du neuf, 2026 est attendue comme une année charnière. C’est dans ce contexte que le Gouvernement a annoncé plusieurs mesures.

PTZ : une révision des plafonds

Le parcours vers la propriété pourrait devenir un peu plus accessible pour de nombreux ménages. Un amendement adopté à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de finances 2026 prévoit de revoir les plafonds du Prêt à taux Zéro (PTZ), restés figés depuis 2014. L’idée est d’adapter le dispositif à la réalité des prix actuels et redonner un peu de souffle aux primo-accédants.

Concrètement, de combien les plafonds d’opération pris en compte pour calculer le PTZ seraient relevés ?

Type de plafondAvant 2026À partir du 1ᵉʳ janvierÉvolution
Montant minimum79 000€99 000€+20 000€
Montant maximum156 000€195 000€+39 000€

Un ajustement crucial quand on sait que l’indice des prix immobiliers des logements (neufs et anciens) ont augmenté d’environ 25 à 30% entre 2015 et 2025 selon l’INSEE en France métropolitaine. Si la loi est adoptée, ces montants entreraient en vigueur dès le 1ᵉʳ janvier 2026.

Bon à savoir
Cette revalorisation arrive en complément d’un autre assouplissement déjà en place : depuis le 1ᵉʳ avril 2025, le PTZ est de nouveau ouvert à l’achat de maisons individuelles neuves partout en France, alors qu’il était auparavant restreint à certaines zones.

DPE 2026 : un recalcul qui corriger les inégalités

À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, le mode de calcul du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) change. Un nouveau coefficient appliqué à l’électricité devrait améliorer la note énergétique d’un grand nombre de logements chauffés à cette énergie.

Environ 850 000 logements pourraient sortir du statut de passoire thermique (classes F ou G), sans aucun travaux pour les propriétaires et sans rétrogradation d’aucune étiquette, ce qui pourrait influencer le marché de l’ancien.

L’objectif est de corriger une inégalité qui pénalisait l’électricité au profit du gaz ou du fioul. Le nouveau mode de calcul pourrait aussi encourager davantage de propriétaires à remplacer une chaudière fossile par une pompe à chaleur, dont le gain d’étiquette serait plus important.

Le très attendu nouveau “statut de bailleur privé”

Le 30 novembre dernier, le Sénat a adopté le statut du bailleur privé. Le Gouvernement prévoit d’instaurer « à compter de 2026 » ce nouveau statut. L’idée ?

  • Instaurer un cadre fiscal dédié pour la location nue de longue durée par les particuliers, pour simplifier et sécuriser l’investissement locatif.

  • Amortir une grande partie du prix du bien (jusqu’à environ 80 %), avec des taux d’amortissement compris entre 3,5 % et 5,5 %, selon le type de logement et le niveau de loyer.

  • Bénéficier d’un avantage fiscal grâce à la déduction des amortissements et au relèvement du plafond du déficit foncier imputable (annoncé jusqu’à 40 000 €), plutôt que par une réduction directe d’impôt.

  • Encourager l’investissement dans des logements abordables, tout en orientant le parc vers des biens performants sur le plan énergétique.

Les conditions à respecter :

  • Louer en nu plutôt qu’en meublé, à titre de résidence principale, dans le cadre d’un bail de longue durée (généralement 9 à 12 ans selon les versions du projet).

  • Proposer des loyers plafonnés, inférieurs au marché local, en s’appuyant sur les grilles de logements conventionnés ou dits “abordables”.

  • Respecter des standards de performance énergétique : RE 2020 pour le neuf, ou DPE A/B après travaux pour l’ancien. Pour les logements anciens, prévoir un volume minimum de travaux (souvent 15 à 20 % du coût total).

S’engager sur une durée minimale de location continue, en respectant les plafonds de ressources des locataires et en évitant tout lien familial direct avec le bailleur, sous peine de perdre l’avantage fiscal.

Des mesures qui soulagent, sans résoudre la crise

Réunies, ces mesures peuvent effectivement soulager quelques facettes de la crise :

  • elles peuvent faciliter l’accès à la propriété,

  • remettre certains logements sur le marché locatif,

  • encourager quelques rénovations ou constructions.

Même si c’est un pas dans la bonne direction, lorsqu’on analyse chaque dispositif, leurs limites apparaissent rapidement.

DPE et bailleur privé, des mesures insuffisantes pour relancer l’investissement locatif

Certes, avec la réforme du DPE, 850 000 logements pourraient sortir des classes F et G sans travaux mais de nombreux logements devront malgré tout être rénovés pour respecter les obligations futures, ce qui implique des coûts importants que certains propriétaires ou acheteurs ne pourront pas assumer.

Le dispositif, même s’il corrige une inégalité de traitement de l’électricité, ne règle pas la question de la performance réelle des logements. Peut-être que faudrait-il instaurer des incitations claires, efficaces et stables dans le temps pour tous pour concilier efficacité énergétique et investissement rentable.

Nouveau DPE : des réactions très contrastées

Une coalition de 16 organisations, dont des associations écologistes et de protection des consommateurs, ont demandé l’été dernier au Premier ministre de renoncer à cette réforme dont les "premiers perdants" seraient "bien entendu les locataires, souvent précaires, de passoires et bouilloires thermiques".

Côté professionnels du diagnostic, Ruben Arnold, dirigeant de la strat-up KRNO, plateforme d'analyse de DPE par intelligence artificielle, dénonce, lui une réforme qui "affaiblit de manière perverse le dispositif" et estime par ailleurs que le nombre de 850 000 passoires énergétiques en moins est largement surévalué.

Du côté du nouveau statut du bailleur privé, aussi prometteur soit-il, les contraintes sont nombreuses : limitation aux nouveaux investissements, travaux lourds représentant 20% du prix du bien, location meublée exclue, loyers plafonnés…

Dans ces conditions, le dispositif, très attendu, risque d’être jugé peu attractif, alors que les investisseurs font déjà face à une hausse des coûts, à des exigences énergétiques strictes et à des risques locatifs importants.

Bref, à elles seules, ces deux mesures destinées essentiellement aux investisseurs ne suffiront pas à relancer massivement l’offre locative.

Le neuf de plus en plus à la peine

Quant à la revalorisation du PTZ, elle ne fait que mettre à jour des plafonds inchangés depuis plus de 10 ans alors que la construction neuve traverse une crise historique. Au troisième trimestre, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a enregistré moins de 10.000 logements mis sur le marché, un niveau qualifié de “jamais vu” depuis la création de cette statistique en 2008.

Même si le marché immobilier tend vers un nouvel équilibre, la crise du logement reste multi-dimensionnelle : manque de logements sociaux, hausse des loyers, pression démographique, disparités territoriales, faibles revenus, coût élevé des travaux… Ces mesures, même utiles, ne permettront probablement pas de compenser l’ensemble des déséquilibres. Comme le résume Loïc Cantin, le président national de la FNAIM, syndicat des professionnels de l’immobilier : "après la crise de l’immobilier, la crise du logement nous attend".

Les réformes de 2026 ressemblent davantage à des réajustements qu’à un vrai plan de relance. Elles atténuent certains points de tension, mais ne corrigent ni la crise de l’investissement locatif, ni les fragilités du neuf, ni la difficulté croissante des ménages modestes à se loger. Pour que le marché respire vraiment, il faudra une stratégie plus ambitieuse que trois réformes techniques.

Questions fréquentes sur les changements dans l’immobilier en 2026

Le PTZ 2026 permettra-t-il d’aider davantage de primo-accédants ?

Oui. La revalorisation des plafonds d’opération (de 79 000 à 99 000 € et de 156 000 à 195 000 €) rend le dispositif plus adapté aux prix actuels. Cela reste toutefois une mise à jour technique, qui ne compense pas l’absence de relance de la construction.

Est-ce que la réforme du DPE va réellement supprimer 850 000 passoires thermiques ?

La réforme pourrait effectivement faire sortir de nombreux logements des classes F et G sans travaux. Mais plusieurs acteurs jugent ce chiffre surestimé et pointent un risque : des logements restant mal isolés malgré une meilleure étiquette.

Le nouveau statut du bailleur privé va-t-il relancer l’investissement locatif ?

Ses nombreuses contraintes (nouveaux investissements uniquement, travaux lourds, location nue, loyers plafonnés…) risquent de limiter l’intérêt des investisseurs.