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Paris : ville de tous… ou terrain de jeu des ultra-riches ?

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Nelly
Rédigé le 18 juillet 2025
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Hors de prix, l'immobilier à Paris ? Plus encore que vous ne pensez ! En ce mois de juillet, le prix moyen du mètre carré dans la capitale s’élève à environ 9 500 euros, selon les notaires du Grand Paris. Mais, là encore, il ne s’agit que d’une moyenne, très largement franchie par un appartement que ses propriétaires ont mis en vente en début de mois : un cinq pièces de 152 mètres carrés proposé au prix de 7 500 000 euros, soit plus de 49 000 euros le mètre carré! Cette flambée interroge : Paris n'est-elle plus qu'une ville réservée à une élite, excluant la majorité de ses habitants  ? Décryptage.

D’après les derniers chiffres de l’INSEE, en 2023, les Franciliens gagnaient en moyenne 2 640 € nets par mois dans le privé, soit 21 % de plus que dans le reste de la France. Pourtant, ce salaire a perdu de sa valeur ces dernières années, à cause d’une inflation et d’une hausse des taux de prêt qui grignotent le budget des ménages. Aujourd’hui, se loger à Paris est un défi majeur : en 2025, le prix moyen du mètre carré se situe autour de 9 500 €, une baisse modérée qui ne soulage guère les classes moyennes — alors que dans le reste de la France, ce prix moyen est près de 3 200 €, soit presque trois fois moins.

Selon une enquête de l’IFOP d’octobre 2023 pour la Fondation Jean Jaurès, 62 % des ménages modestes ont du mal à faire face à une dépense imprévue, et plus de la moitié ne peuvent pas remplacer un meuble cassé. Ce n’est plus seulement les plus pauvres qui galèrent : la précarité gagne aussi les couches basses de la classe moyenne.

Ce décalage crée un sentiment d’exclusion pour de nombreux Parisiens, qui se retrouvent coincés entre deux mondes : trop aisés pour bénéficier des aides sociales, mais trop modestes pour accéder à un logement digne dans la capitale. Résultat : un no man’s land social qui fragilise le tissu urbain et les liens entre habitants.

L’exemple de Sophie et Karim

Sophie et Karim ont la trentaine, deux enfants et des jobs dans l’éducation et l’administration. Ensemble, ils gagnent environ 3 200 € nets par mois. Ils rêvent d’un petit nid douillet d’environ 50 m² à Paris ou en proche banlieue, mais rapidement, ils se rendent compte que leur budget ne suit pas le rythme effréné des prix parisiens.

Conséquence ? Ils se tournent vers des villes comme Ivry-sur-Seine, Montreuil ou Saint-Denis, où les appartements sont un peu plus accessibles. Le hic ? Les trajets quotidiens vers le travail s’allongent et le temps en famille se fait un peu plus rare. Pas simple de jongler entre budget serré et qualité de vie !

L’histoire de Sophie et Karim, c’est un peu celle de beaucoup de familles parisiennes qui doivent composer avec un marché immobilier qui leur file entre les doigts, les obligeant à faire des compromis parfois difficiles.

Acheter à Paris = viser la lune ?

Selon un rapport de l'ONG OXFAM, il faut un revenu net mensuel de plus de 7 000 € pour se permettre un appartement moyen dans la capitale. Pas évident pour la majorité des familles ! Cela pousse de nombreux Parisiens à revoir leurs rêves à la baisse ou à chercher un toit un peu plus loin.

Important
Paris n’est pas tout seul dans cette galère : d’autres capitales européennes connaissent aussi une flambée des prix impressionnante. À Londres, par exemple, le mètre carré dépasse les 15 000 €, à Amsterdam on frôle les 12 500 €. Bref, si Paris joue dans la cour des grands, elle ne caracole pas en tête.

Autre élément qui fait monter la température : de plus en plus d’appartements parisiens appartiennent à des investisseurs étrangers très fortunés. Attirés par le côté ultra-luxe de la ville, ils contribuent à faire grimper les prix et à renforcer la gentrification. Des émissions comme « L’Agence » reflètent bien cette image d’un Paris qui semble réservé à une élite. Pendant ce temps, les Parisiens aux revenus moyens ou modestes ont l’impression d’être un peu laissés de côté…

Les classes moyennes en périphérie : une pression renforcée par les transports

Avec les prix de l’immobilier qui s’envolent à Paris, beaucoup de familles de la classe moyenne n’ont d’autre choix que de s’installer un peu plus loin, en périphérie. Et bonne nouvelle : grâce au Grand Paris Express et aux réseaux de métro ou RER qui se développent, certaines villes comme Thiais, Malakoff, Clichy, Bagneux ou Rosny-sous-Bois deviennent de vraies petites perles accessibles, avec un accès rapide au centre.

Le hic, c’est que cette attractivité fait aussi monter les prix dans ces communes, parfois de 15 à 25 % selon la proximité des transports. Résultat : ceux qui n’ont pas les moyens voient leurs options réduites, et doivent aller encore plus loin. Une sorte d’effet domino qui creuse la ségrégation territoriale.

Des solutions pour préserver la mixité sociale

Pour éviter que Paris ne devienne un terrain réservé aux plus riches, plusieurs leviers immobiliers concrets méritent d’être renforcés :

  • Construire plus de logements sociaux et abordables : Paris vise 40 % de logements publics d’ici 2035, avec un objectif ambitieux de 4 000 constructions sociales et autant d’abordables chaque année. La Ville mise sur la transformation de bureaux vides, la surélévation d’immeubles et le rachat de terrains privés. Le nouveau Plan local d’urbanisme prévoit de multiplier par 2,5 les parcelles réservées pour ces logements, soit 12 000 nouveaux logements sociaux d’ici 2035. Un vrai souffle d’air pour les familles en quête d’un toit accessible !

  • Développer la location intermédiaire : C’est un système où les propriétaires acceptent de louer leurs logements à un prix un peu plus bas que d’habitude. En échange, ils bénéficient d’avantages fiscaux. Par exemple, un appartement qui se louerait normalement 1 200 € peut être proposé à 1 000 €, ce qui permet à des familles de la classe moyenne d’y accéder plus facilement.

  • Favoriser la location-accession : Ce dispositif aide les ménages à devenir propriétaires progressivement. En louant d’abord, ils peuvent constituer un apport avant d’acheter leur logement, ce qui facilite l’accès à la propriété pour les classes moyennes souvent exclues du marché traditionnel.

  • Rénover et donner une seconde vie aux logements oubliés : Plutôt que de construire toujours plus, pourquoi ne pas rénover énergétiquement les vieux bâtiments un peu délaissés ou énergivores ? Ou encore les transformer : les bureaux inoccupés par exemple, représentent une véritable opportunité de création de logements ! Quoi qu’il en soit, la rénovation énergétique permettrait d’augmenter le nombre de biens tout en rendant les appartements plus confortables et moins gourmands en énergie. C’est bon pour le porte-monnaie, pour la planète, et ça évite de grignoter toujours plus sur la nature autour de la ville. Une vraie solution gagnant-gagnant !
  • Mieux encadrer les loyers et ajuster les aides : Depuis 2019, Paris fixe des plafonds de loyers selon le quartier et le type de logement. En parallèle, des aides sont adaptées aux revenus des locataires, pour garder un équilibre qui protège les locataires sans décourager les propriétaires. Par exemple, l’APL (Aide personnalisée au logement), versée par la CAF, est la plus connue. Son montant varie selon les revenus, la taille du foyer et la localisation du logement. Il existe aussi l’ALF (Allocation de logement familiale) pour certaines familles, et l’ALS (Allocation de logement sociale) pour d’autres profils, comme les étudiants. Ces aides, cumulées à l’encadrement des loyers, permettent de préserver l’accès au logement pour les ménages modestes ou moyens, sans décourager les propriétaires privés.

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