Indivision ou SCI : que faut-il choisir ?


Sommaire
Spoiler alert : il n’y a pas une seule bonne réponse. Tout dépend de votre projet, de votre horizon (court ou long terme), et surtout de la manière dont vous souhaitez gérer ce bien à plusieurs. L’indivision, c’est simple et immédiat. La SCI, c’est plus structuré… mais un peu plus engageant aussi.
Dans cet article, on vous aide à faire le point pour y voir plus clair. Gestion, transmission, fiscalité, formalités : vous aurez toutes les cartes en main pour choisir entre SCI ou indivision, selon ce qui colle le mieux à votre situation.
Quelle est la différence entre la SCI et l’indivision ?
L’indivision est le mode « par défaut ». Chaque indivisaire bénéficie de droits sur le bien sans que les parts soient matériellement divisées. Par ailleurs, la mise en place est simple, puisque automatique, mais la gestion à long terme est parfois alambiquée car chaque décision doit obtenir l’aval de la majorité…
- La SCI de son côté est une société civile créée par les différents propriétaires pour gérer un bien collectivement. Les associés signent alors le contrat qui prévoit les droits et devoirs de chacun dans toutes les situations possibles. Sécurisante, elle possède de nombreux avantages, notamment pour les projets à long terme. Elle peut en revanche vous « emprisonner » si vous souhaitez changer de projet immobilier.
Cette courte introduction vous permet déjà de dégager leurs principales caractéristiques : l’indivision pour plus de simplicité et la SCI pour une gestion cadrée et efficace sur le long terme. Voyons maintenant de plus près ce qu’il en est. Nous vous avons ainsi préparé une petite liste, étape par étape, de la création à la dissolution, en passant par la gestion quotidienne, des différences entre l’indivision et la SCI.


SCI ou Indivision : avantages et inconvénients des deux systèmes
Indivision | SCI | |
---|---|---|
Création | pas de démarches spécifiques | démarches obligatoires et payantes |
Prises de décision | majorité des ⅔ sauf pour la vente et l’hypothèque, à l’unanimité | selon la règle de la majorité pertinente précisée dans les statuts |
Transmission | partagée entre les indivisaires de manière automatique | organisée à l’avance dans les statuts |
Cession | pas d’accord à obtenir | accord des associés nécessaire |
La création est plus facile avec l’indivision
Pas de formalités administratives (comme la rédaction des statuts constitutifs ou les démarches d’immatriculation au RCS) ;
Pas de coûts administratifs (pas de capital social à constituer, pas de frais d’immatriculation, pas de professionnels à payer pour vous aider dans vos démarches…).
Avec la SCI, vous devez faire des démarches administratives légales telles que :
La rédaction des statuts et mention des apports de chacun ;
L’immatriculation au RCS ;
La parution au journal officiel.
Par ailleurs, la SCI vous coûtera plus cher au moment de sa mise en place : comptez des frais pour la rédaction des statuts (si vous passez par un professionnel), mais aussi les frais d’annonce légale, les frais d’immatriculation, la déclaration des bénéficiaires effectifs… et les frais de dossier de la banque, pour qui ce type de dossier est plus difficile à traiter.
La prise de décisions (courantes ou exceptionnelles) dépend du système
Avec l’indivision, les décisions courantes sont prises à la majorité des 2/3 pour tout ce qui concerne l’exploitation normale du bien :
L’entretien ;
Le renouvellement des baux ;
Les actes administratifs.
Il est possible de nommer un gérant parmi les indivisaires pour prendre en charge ces décisions.
Avec la SCI, les décisions courantes sont prises dans le cadre des Assemblées Générales (AG) rassemblant les associés au moins une fois par an, avec les règles suivantes :
D’après la règle de la majorité « pertinente », fixée dans les statuts à la création de la société par les fondateurs ;
Vous devez obligatoirement rédiger un Procès-Verbal ;
Vous devez faire une convocation formelle des associés.
Il est possible de nommer un gérant, pas forcément associé, éventuellement rémunéré, pour les questions de gestion courante.
Pour la SCI en revanche, le fonctionnement est le même que pour les décisions ordinaires, mais l’AG exceptionnelle remplace alors l’AG ordinaire.
La transmission est facilitée avec la SCI
Avec l’indivision, on ne choisit pas : lors du décès de l’indivisaire, ses héritiersqui peuvent être très nombreux) deviennent automatiquement propriétaires. Par ailleurs, le compte bancaire commun se bloque tant qu’un nouvel accord entre les héritiers n’est pas signé.
Et n’oubliez pas… La facture des droits de donation est assez salée et vous concerne si la valeur du bien est supérieure à 100 000 €.
Avec la SCI, la succession est organisée à l’avance dans les statuts. Vous pouvez respirer, tout se fera sereinement grâce au cadre légal de la SCI.
La cession est plus simple en indivision
Dans le cadre de l’indivision, c’est très facile car vous n’avez pas d’autorisation à demander ou de motif à présenter. Les autres indivisaires auront alors un délai d’un mois pour user de leur droit de préemption.
Vous devez obtenir l’accord des autres associés ;
Définir le prix de cession ;
Remplir les documents administratifs et payer vos impôts.
Fiscalité : SCI ou indivision, quelles différences ?
Le choix entre indivision ou SCI a aussi des conséquences fiscales non négligeables. Que vous mettiez le bien en location ou que vous prépariez une succession, il vaut mieux anticiper.
La fiscalité en indivision
Chaque indivisaire est imposé personnellement sur sa part de revenus (loyers, plus-values…). Si vous louez le bien, vous déclarez simplement votre quote-part dans vos revenus fonciers. Idem en cas de vente : chacun est imposé sur la plus-value au prorata de ses droits.
Mais attention : en indivision, pas de mécanisme d’amortissement ou d’optimisation. Et si vous envisagez de transmettre votre part, les droits de donation ou de succession peuvent vite grimper, surtout si vous dépassez les abattements classiques.
La fiscalité en SCI
Par défaut, une SCI est à l’IR (impôt sur le revenu). Les associés sont imposés comme en indivision, sur leur part des revenus. Mais vous pouvez aussi choisir l’IS (impôt sur les sociétés), pour bénéficier de déductions plus larges et d’un amortissement comptable du bien. Cela peut permettre de réduire votre imposition sur les loyers à court terme. Cependant, attention à la revente : la plus-value est alors calculée différemment et peut être plus lourdement taxée.
Côté succession, la SCI permet une transmission plus douce : vous pouvez donner les parts petit à petit, en profitant des abattements tous les 15 ans. Idéal pour organiser la succession en douceur, tout en limitant l’impact fiscal.
Passer de l’indivision à une SCI : pourquoi et comment s’y prendre ?
Vous êtes actuellement en indivision, mais vous sentez que ce mode de gestion atteint ses limites ? Bonne nouvelle : il est possible de passer d’une indivision à une SCI. C’est même une option de plus en plus fréquente pour ceux qui souhaitent cadrer un peu mieux la gestion du bien à plusieurs.
Pourquoi envisager ce passage ?
Pour stabiliser la situation : en indivision, n’importe quel co-indivisaire peut exiger la vente du bien à tout moment. Pas très rassurant, surtout si vous avez un projet à long terme.
Pour simplifier la gestion : avec une SCI, vous nommez un gérant, fixez les règles dans les statuts, organisez les décisions collectives.
Pour préparer la transmission : transmettre des parts sociales, c’est souvent plus souple (et fiscalement plus avantageux) que de transmettre des quotes-parts en indivision.
Comment passer de l’indivision à la SCI ?
Créer la SCI : cela passe par la rédaction des statuts, une immatriculation au RCS, et une annonce légale. Il faudra aussi nommer un ou plusieurs gérants.
Apporter le bien à la SCI : chaque indivisaire apporte sa part du bien à la société en échange de parts sociales. Cela nécessite un acte notarié.
Payer les frais liés à l’opération : droits d’enregistrement, éventuels impôts sur les plus-values, honoraires de notaire… Ce n’est pas gratuit, mais c’est souvent un bon investissement pour la suite.
Un projet à court terme ? Choisissez l’indivision !
Ce régime a un mot d’ordre : la simplicité.
Les paperasses administratives, les rédactions de statuts ou les réunions interminables pour décider de quelle couleur repeindre le local à poubelles… Non merci ! Vous êtes sûr de vous et de vos copropriétaires ? Ou bien vous comptez revendre vos parts dans très peu de temps ? Ou encore, la transmission du bien ne concernera pas une multitude d’héritiers ? L’indivision peut effectivement vous simplifier la vie !
Une préférence pour la stabilité et l’organisation à long terme ? Lancez-vous dans la SCI !
La SCI, de son côté, vous assure une gestion plus efficace grâce à son cadre légal. Elle vous oblige à une grande rigueur dans toutes vos décisions et à une grande transparence entre tous les associés. Ainsi, vous éviterez les malentendus et les éventuelles arnaques !
De plus, la transmission du bien à vos héritiers se fait selon vos souhaits, de manière apaisée et organisée.
Finalement, si vous n’avez pas peur de vous lancer héroïquement dans les paperasses administratives et considérez sérieusement ce bien commun comme un projet de vie, la SCI est faite pour vous.
- L’indivision est le régime par défaut, adapté aux projets de court terme : le bien n’est pas divisé matériellement entre les propriétaires.
- La SCI est une société : elle facilite la gestion et la transmission du bien grâce à des lois spécifiques.
- La SCI vous demande un réel investissement mais si vous avez un projet de long terme, le jeu en vaut la chandelle !