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Paris mystérieux : les trois maisons les plus anciennes encore debout

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Alexandra
Rédigé le 21 août 2025
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Paris cache dans ses ruelles un pan de son histoire et certaines de ses constructions sont plus "bavardes" que d'autres. Derrière leurs colombages irréguliers en bois ou leurs pierres usées, quelques rares façades parisiennes ont traversé les siècles et vu la Capitale se développer. Qu’en est-il de leur histoire et de leur prix aujourd’hui ? Focus sur les 3 maisons les plus anciennes de Paris.

Mondialement connue pour ses monuments majestueux, de la Tour Eiffel à Notre-Dame en passant par l'Arc de Triomphe, Paris a été profondément transformée au XIXe siècle par le baron Haussmann qui a redessiné son visage, lui imposant de larges boulevards et des façades uniformes. Mais la Ville Lumière conserve aussi des trésors plus anciens et uniques, à l’instar de maisons médiévales où l’histoire se lit dans chaque interstice de leurs façades…

Focus sur les périodes de construction du bâti parisien
La carte de l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) mise à disposition du grand public sur le site data.gouv permet de filtrer les immeubles de Paris selon leur date estimée de construction. Ainsi, on peut voir en un coup d'œil que la plupart des bâtiments construits avant 1800 se situent dans le cœur de Paris, un secteur épargné par les démolitions du baron Haussmann pour transformer la capitale. Le quartier du Marais (4e arrondissement) règne en maître avec 42 % de ces témoins du passé, dont font partie les trois doyens de la ville.

Mais c'est bien Haussmann qui a façonné le visage parisien moderne, bâtissant 58 % des constructions de Paris, soit la plus grande part d’urbanisme de la ville. L'entre-deux-guerres traverse une période creuse qui représente 8 % du bâti, compensée par l'élan des Trente Glorieuses qui en constitue 15 % et transforme les 13e, 15e et 19e arrondissements avec respectivement le quartier Italie, le Front de Seine-André Citroën, et les ensembles Michelet-Place des Fêtes. Cette mutation urbaine se poursuit dans une capitale qui ne cesse de réinventer son territoire…

L’incontournable maison de Nicolas Flamel

Si l’on devait n’en retenir qu’une, ce serait la maison du 51 rue de Montmorency dans le quartier du Marais. Lorsqu’elle a été classée Monument historique en 1911, cette bâtisse avait déjà bien vécu et pour cause, elle a été inaugurée en 1407 et construite à la demande de Nicolas Flamel, écrivain public puis libraire de l’Université de Paris, après le décès de son épouse Pernelle. La particularité de cette maison est qu’elle a été édifiée par vocation charitable : le propriétaire y accueillait des personnes dans le besoin, comme le spécifie l’inscription gravée au-dessus de son entrée.

Dans le cadre de l’exposition universelle de 1900 à Paris, la maison de Nicolas Flamel a été restaurée, révélant certaines inscriptions gravées sur sa façade. Cette maison tranche avec l'architecture médiévale conventionnelle et arbore une façade en pierre de taille plutôt que la traditionnelle structure en colombages en bois, prédominante dans la construction des logements de la même époque.

La maison de Nicolas Flamel
La façade de la maison de Nicolas Flamel, 51 rue Montgomery dans le quartier du Marais. © Guilhem Vellut, Wikipedia

Depuis 2007, la maison de Nicolas Flamel appartient au chef étoilé franco-libanais Alan Geaam qui officie dans le restaurant du rez-de-chaussée (L’Auberge de Nicolas Flamel) et occupe le premier étage. Elle n’a donc pas été mise sur le marché immobilier depuis longtemps, mais le mètre carré dans le Marais dépasse souvent les 13 000 à 15 000 €, et les biens d’exception, bien entretenus et classés, peuvent monter au-delà de 20 000 €/m². Leur valeur repose non seulement sur l’emplacement et la rareté, mais aussi sur leur caractère patrimonial : poutres apparentes, façades classées, escaliers d’époque… autant d’atouts qui séduisent les amateurs de vieilles pierres.

Pourquoi la maison de Nicolas Flamel est-elle autant décorée ?

La façade de la maison est richement sculptée et montre les valeurs médiévales de piété, très ancrées à l’époque. Outre l’inscription indiquant que les hommes et les femmes qui vivaient dans la maison de Nicolas Flamel devaient prier chaque jour un "Pater Noste" et un "Ave Maria", la façade porte d’autres marques de l’Histoire. Les initiales "N" et "F" du propriétaire sont notamment visibles ainsi que sa devise "ora et labora" - "prie et travaille" - découverte en 1929 lors d’une restauration. Elles témoignent de l’importance sociale du commanditaire de l’édifice. Les jambages de la maison sont également pourvus de sculptures représentant des scènes religieuses et des personnages comme des saints, des anges ou des pèlerins. D’autres décors ornaient la façade, mais le temps les a malheureusement fait disparaître.

Les maisons à colombage de la rue François Miron

Ces deux grands bâtiments du quartier du Marais auraient été édifiés au début du XVIe siècle, a priori durant les règnes de Louis XII et François 1er, soit avant qu’une ordonnance royale de 1508 interdise les constructions en saillie en raison de trop grands risques d’effondrement.

Un siècle plus tard, l’article 4 de l'édit de décembre 1607 a proscrit l'usage du pan de bois pour monter des murs, une première dans l’histoire de la construction à Paris. Les maisons de la rue Miron ont donc été recouvertes de plâtre et de chaux pour limiter la propagation des feux suite à l'incendie dévastateur de Londres en 1666 (qui a duré quatre jours !), et sont restées cachées durant trois siècles sous leur couverture d’enduit.

Les maisons médiévales rue François Miron
Les maisons médiévales rue François Miron dans le 4e arrondissement de Paris. © Wikinade, Wikipedia

Au numéro 11 de la rue François Miron se situe la maison "À l'enseigne du Faucheur" et au numéro 13 la maison "À l'enseigne du Mouton". Ces désignations servaient à identifier les établissements à une époque où le système d’adresse moderne n'existait pas encore.

En 1966, ces bâtiments passaient encore inaperçus aux yeux des riverains et des promeneurs. La transformation s’est opérée en 1968, après une période de rénovation, révélant la surprenante charpente à pans de bois, longtemps cachée sous le plâtre et la chaux. C’est aussi à ce moment-là que l'architecte a redessiné les pignons, mais renoncé aux encorbellements originaux qui s'avançaient sur la rue.

Focus sur la rénovation des bâtiments anciens

L’entretien d’un bâtiment classé au Patrimoine Historique s’avère plus coûteux que les immeubles récents. Leurs contraintes, liées à leur statut (obligations de rénovation, autorisations administratives strictes, etc.), pèsent lourdement dans le portefeuille des propriétaires… Selon le site Architectes Patrimoine, "on considère que le prix de rénovation d’un monument historique oscille entre 900 et 2500 euros par m*2. Il faudra ainsi prévoir entre 90 000 et 250 000 euros pour rénover un monument historique de 100 mètres carrés."* Quant à certains travaux pouvant paraître insignifiants (fuite d’eau, ré-agencement d'une pièce…), ils ne le sont jamais et doivent être soumis à la consultation d’un architecte des bâtiments de France.

Les données de Meilleursagents révèlent une fourchette de prix de 10 722 € à 17 591 € le mètre carré rue François Miron. Mais les prestigieux numéros 11 et 13 font exception et atteignent presque les 22 000 € / m2. Cette envolée des prix s'explique par l'attractivité croissante du quartier : + 32,5 % en dix ans !

La grande maison "médiévale" du 3 rue Volta

Pendant de nombreuses décennies, la maison située au 3 rue Volta était considérée comme la plus ancienne de Paris, et son allure d’habitation médiévale avec les colombages qui la caractérisent n’y était certainement pas pour rien ! Sous le Second Empire, l’historien Lucien Lambeau et un cercle d’intellectuels, dont Victor Hugo, se sont battus pour éviter sa destruction et préserver le patrimoine architectural parisien face aux travaux d’envergure menés par le baron Haussmann. Et ils y sont parvenus ! À cette époque-là, même les architectes restaient persuadés que la grande bâtisse demeurait la plus ancienne de la Capitale.

La maison médiévale rue Volta
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Mais en 1979, la vérité éclate : des recherches minutieuses menées par des historiens et archéologues ont révélé l'existence d'un acte notarié daté de 1654. Ce document a contribué à attester que la maison fut construite dix ans plus tôt, en 1644, sur un terrain vierge. Son bâtisseur, Benjamin Dally, menuisier de métier, avait manifestement choisi de reproduire le style architectural médiéval en dépit de l'édit de décembre 1607. Une preuve que la Renaissance ne s’inspirait pas uniquement des modèles antiques !
L’intérieur de l’immeuble du 3 rue Volta

En 2019, Le Bonbon dédiait un article à l’immeuble "médiéval" de la rue Volta et rencontrait l’un de ses locataires, fier de vivre dans ce petit morceau d’histoire. Chaque étage de la grande maison comprend un seul appartement aux poutres et pierres apparentes. L’escalier commun est étroit et en bois, un fait rarissime à Paris puisque seulement 9 % des bâtiments datent d’avant 1800, les immeubles haussmanniens possèdant des escaliers en pierre. Le locataire explique au journal que "l’intérieur est en colombages, il y a de grandes poutres, et une cheminée d’époque." Quant à la hauteur sous plafond, elle atteint quatre mètres !

Ironie de l'histoire : à force d'être étudiée et préservée, la "fausse maison médiévale" s'impose aujourd'hui comme l'une des plus légendaires demeures parisiennes, riche de ses presque quatre siècles d’existence !

Côté valorisation immobilière, Meilleurs Agents estime que le mètre carré du 3 rue Volta pourrait atteindre 12 578 €. Un tarif expliqué par la localisation privilégiée dans le Marais, ce quartier historique qui concentre de précieux témoins du patrimoine parisien, à l'image de la maison de Nicolas Flamel ou des habitations à pans de bois de la rue François Miron.

En flânant dans les ruelles pavées du centre de Paris, là où les plus vieux immeubles de la ville trônent encore, difficile de ne pas ressentir l’histoire qui habite les pierres. Ces immeubles anciens sont les témoins d’un Paris qui a traversé les bouleversements et les mutations urbaines. S’ils font rêver par leur charme unique, leur prix souvent prohibitif pour le commun des mortels, rappelle que vivre dans un morceau du patrimoine parisien protégé a un coût. Mais si certains le peuvent, investir dans ces précieux murs équivaut à acheter une part de mémoire parisienne.