La France rétrogradée par Fitch : faut-il craindre une flambée des taux ?

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Vendredi 12 septembre, l'agence de notation Fitch Ratings a dégradé la note souveraine française de AA- à A+, montrant que les investisseurs considèrent la dette de la France comme plus risquée. Si cette décision fait les gros titres, elle ne devrait cependant pas bouleverser le quotidien des emprunteurs immobiliers.
- L’agence Fitch a baissé la note de la France de AA- à A+
- Les raisons évoquées ? Un déficit élevé, l'instabilité politique persistante et les incertitudes budgétaires.
- La dégradation de la note n’a cependant pas entraîné de hausse des taux bancaires.
Pourquoi Fitch a abaissé la note souveraine de la France
Le 12 septembre, l’agence Fitch a rétrogradé la note de la France de AA- à A+ en pointant la “fragmentation et la polarisation croissante” du paysage politique, qui “affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur”. L’annonce intervient quelques jours seulement après la chute du gouvernement Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu, troisième Premier ministre en un an.
L’agence justifie sa décision par “l’instabilité politique” et l’absence “d'horizon clair pour *stabiliser la dette dans les années à venir”*. Les chiffres confirment cette tendance : - Le déficit public a atteint 175 milliards d’euros en 2024, soit 6 % du PIB, après 5,5 % en 2023 et 4,7 % en 2022. - La dette publique frôle désormais les 3 300 milliards d’euros. - Les charges d’intérêts, elles, ont grimpé à 59 milliards d’euros, selon un rapport de la Cour des comptes de février 2025.
Pour autant, Fitch rappelle que la France demeure un emprunteur solide, grâce à son appartenance à la zone euro et au soutien implicite de la Banque centrale européenne (BCE).
Notation Fitch : un impact limité sur les marchés financiers
Si la dégradation de Fitch constitue indéniablement un mauvais signal pour les marchés financiers, elle n'a pas provoqué l'onde de choc redoutée sur les taux bancaires.
Les investisseurs avaient largement anticipé ce scénario et cette décision n’a pas relancé les tensions sur l'OAT à 10 ans (obligations assimilables du Trésor, l’obligation d’État française à échéance 10 ans servant de référence pour le coût de la dette du pays). En effet, il reste stable autour de 3,4 %. Quant aux établissements bancaires, qui s'appuient sur ces indicateurs pour calibrer leurs grilles tarifaires, ils avaient déjà ajusté leurs positions face à cette montée du risque perçu.
La décision de la BCE de maintenir jeudi son taux directeur à 2 %, marquant une deuxième pause successive dans son cycle d'assouplissement, vient par ailleurs conforter cette stabilité du marché, du moins à court terme.
Et à long terme ?
L'équation pourrait toutefois se complexifier si d’autres agences de notation réévaluaient, elles aussi, la note de la France. La décision de Fitch risque en effet d'inciter Moody's et Standard & Poor's à réviser à leur tour la note française, respectivement en octobre et novembre. Un double déclassement accentuerait mécaniquement la pression sur les taux.
Au-delà des agences, l'évolution des taux dépendra aussi de la réaction des marchés après la formation du nouveau gouvernement et la reprise des discussions budgétaires autour de la loi de finances 2026, susceptibles de raviver les incertitudes.
En résumé, la dégradation de la note française par Fitch marque un signal politique et budgétaire fort, mais elle n’annonce pas pour autant une flambée des taux immobiliers… du moins tant que l’inflation et les choix budgétaires à venir ne viennent pas rebattre les cartes.