Les taux immobiliers en mai 2020 : une hausse contrôlée

La crise du Covid-19 a fortement perturbé le marché des crédits depuis le mois de mars 2020. En avril, la plupart des banques avaient ainsi remonté leurs taux, ce qui se confirme pour le mois de mai.
Cependant, le taux moyen des crédits toutes durées confondues reste stable, car les banques se concentrent sur les profils les plus stables, conséquence à la fois des recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière en décembre 2019, et de la situation actuelle.
L’évolution des taux immobiliers en mai 2020
Les taux observés par profil
Le taux immobilier varie en fonction de votre profil, mais aussi de la durée de votre crédit. En mai, nous avons ainsi observé les taux pour les profils suivants :
- profil 1 : personne empruntant seule, 40 000 € de revenus annuels
- profil 2 : 2 emprunteurs, 80 000 € annuels à deux
- profil 3 : 2 emprunteurs, 120 000 € annuels à deux
Profil 3 | Profil 2 | Profil 1 | |
Sur 15 ans | |||
Taux immobilier | 0,9 % | 1 % | 1,25 % |
Equivalent coût du crédit* | 13 879 € | 15 458 € | 19 439 € |
Sur 20 ans | |||
Taux immobilier | 1,1 % | 1,25 % | 1,4 % |
Equivalent coût du crédit* | 22 897 € | 26 144 € | 29 421 € |
Sur 25 ans | |||
Taux immobilier | 1,25 % | 1,4 % | 1,55 % |
Equivalent coût du crédit* | 32 978 € | 37 153 € | 41 374 € |
*pour un emprunt de 200 000 €
Attention, ce tableau vous permet de vous donner une idée plus précise des taux appliqués par les banques, mais ne remplace pas une simulation sur-mesure !
Situation générale des taux en mai 2020
En avril, nous avions pu constater que de nombreuses banques avaient remonté leurs taux, quel que soit le profil de l’emprunteur et la durée d’emprunt. Cette hausse se confirme pour le mois de mai.
- Les banques qui avaient déjà annoncé une remontée des taux (généralement entre 0,2 et 0,5 points) ne les modifient pas à l’heure actuelle.
- Les banques qui étaient restées stables en avril ont de leur côté annoncé une hausse des taux, de l’ordre de 0,3 points en moyenne, ce qui est cohérent avec les mouvements observés en avril.
On assiste donc à un phénomène de rattrapage, mais il n’y a pas de mouvement de hausse généralisé sur l’ensemble des banques.
Cependant, en fonction de votre profil et de la durée d’emprunt, votre taux immobilier ne sera pas impacté de la même manière.
Nous avons ainsi pu observer les mouvements suivants pour un emprunt sur 15 ans :
- un emprunteur seul avec 40 000 € de revenus annuel voit une hausse de 0,25 points sur son taux
- deux emprunteurs avec un revenu de 80 000 € annuel voient une hausse de 0,15 points sur leur taux
- deux emprunteurs avec un revenu de 120 000 € annuels voient une hausse de 0,35 points sur leur taux
Analyse des taux moyens observés en mai 2020
Vous pouvez voir à partir de ce graphique que les taux immobiliers ont fortement baissé depuis 2004, pour se stabiliser à des niveaux historiquement bas. Et malgré les hausses de taux annoncées par les banques, les taux moyens observés restent stables par rapport à la fin de l’année 2019.
Comment cela se fait-il ?
Cela est dû au fait que les banques ont resserré les conditions d’octroi du crédit dès décembre 2019, suite aux recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière.
Ainsi, les emprunteurs les moins dotés en apport personnel (à savoir les ménages modestes) ont eu moins accès à l’emprunt. Par ailleurs, les banques ont également diminué la part des emprunts très longs.
Le taux moyen des crédits s’est donc stabilisé.
Pourquoi les banques augmentent-elles leurs taux ?
Les taux immobiliers sont liés à l’activité macroéconomique du pays. Les banques ne décident pas seules des taux qu’elles vont appliquer, mais suivent elles aussi les tendances des marchés.
L’un des critères à observer est l’OAT 10 ans.
Les Obligations Assimilables du Trésor représentent les emprunts réalisés par l’Etat pour son financement pouvant aller jusqu’à 30 ans. Les taux d’intérêt de l’OAT 10 ans servent de référence pour définir les taux fixes des banques, et ils représentent pour les banques le taux rémunérateur d’un placement à moyen terme. Si les taux de l’OAT montent, les taux appliqués par les banques montent également, et inversement.
En revanche, il est logique que les banques n’ayant pas encore haussé leurs taux le fassent ce mois-ci. C’est un peu l’équivalent des 10 centimes supplémentaires sur le prix de la baguette que le boulanger applique lorsque le prix du blé augmente.
Les banques ont adapté leur politique commerciale
Les banques appliquent également une hausse ou une baisse des taux en fonction de leur politique commerciale : tous les établissements ne sont pas attirés par les mêmes profils, et cela se voit dans les offres proposées.
Ainsi, telle banque voudra attirer une clientèle jeune avec une évolution de revenus et acceptera les petits apports, tandis que telle autre sera plus conciliante avec les professions libérales.
Le double phénomène des recommandations du HCSF et de la crise du Coronavirus amène les banques à réduire la voilure concernant les dossiers les moins solides : cela concerne les ménages avec peu ou pas d’apport, ou aux revenus faibles.
Les profils solides n’ont de leur côté aucun souci à se faire !
En mai, les banques anticipent le déconfinement
Le confinement et le passage au télé-travail pour la majorité des travailleurs français avait évidemment eu un impact sur la capacité de traitement des dossiers de la part des banques.
On observe à l’heure actuelle que les services continuent sans cesse à augmenter leurs capacités : adaptation au télé-travail, anticipation du déconfinement… Les banques peuvent traiter plus de dossiers, même dans les régions où le confinement risque potentiellement de se prolonger.
En situation économique normale, il est déjà difficile de se risquer à prédire les taux immobiliers sur les mois à venir. C’est encore plus compliqué à l’heure actuelle, puisque tout dépend de la reprise économique post-confinement. Impossible, donc, de se prononcer sur les évolutions dans les prochains mois.
Une chose est sûre cependant, l’immobilier est considéré par beaucoup de Français comme une valeur refuge, ce qui est encouragé par les taux encore très bas.