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Ecologie et immobilier

Comment réconcilie-t-on environnement et habitat ?

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Charlotte
Rédigé le 19 juillet 2024
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À la question “est-ce que notre façon d'habiter abîme la planète ?”, la réponse est malheureusement oui. Nos choix de vie ont un impact inéluctable : bétonisation, concentration urbaine, artificialisation des sols... Mais alors, comment réconcilier notre habitat avec la planète ?

Attention

Cet article n'est qu'un point de départ. Il ouvre la porte à une réflexion bien plus vaste que nous explorerons en profondeur dans notre dossier spécial sur l'habitat et son impact sur la planète.

L’habitat, un ultra pollueur ?

L’immobilier sur le banc des accusés

Soyons clairs, l’immobilier est un secteur qui pollue. Plus précisément, il contribue à plus de 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les pays développés. Mais ce n’est pas tout, il représente aussi 37 % de la consommation d'énergie et 40 % des déchets produits. Ça fait beaucoup.

La France, c’est 31 millions de résidences principales dont 17 % de « passoires énergétiques » (étiquettes F et G du DPE) selon le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires. Les passoires, ce sont ces logements qui ressemblent plus à des gouffres thermiques qu'à des cocons douillets. Ils ont un appétit vorace en énergie, surtout parce qu'ils sont peu ou mal isolés. Résultat : pour maintenir une température agréable pour ses habitants, ils consomment une grande quantité d'énergie. Ce qui n'est pas sans conséquences car elles contribuent à l'émission de gaz à effet de serre.

Mais il n’y a pas que le logement qui pollue, le secteur du bâtiment lui-même y participe allègrement. Toujours selon les chiffres du ministère, il représente pas moins de 44 % de la consommation d’énergie, reléguant le secteur des transports bien loin avec ses 31,3 %. Chaque année, le secteur du bâtiment émet plus de 123 millions de tonnes de C02 dans l’atmosphère, faisant de lui l'un des acteurs clés dans la bataille contre le réchauffement climatique et pour la transition énergétique. Une facture plutôt salée dont se passerait bien la planète. Conscient de ces enjeux, le Gouvernement français s’est engagé sur le sujet depuis plusieurs années.

La loi de transition énergétique de 2015 a été une première étape, et plus récemment, de nouveaux objectifs ont été définis, comme celui de réduire de 38 % la consommation d'énergie des bâtiments existants d'ici à 2030. Ce n’est pas tout, l'État s'est aussi fixé pour ambition d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. De quoi transformer tout le secteur.
Comment cela va-t-il se passer exactement ? Les propriétaires sont incités à investir dans des travaux de rénovation énergétique. Parallèlement, ceux qui envisagent d'acheter sont encouragés à contribuer à la rénovation ou à la construction de biens immobiliers neufs. Pour faciliter cette transition, l'État propose plusieurs aides telles que le crédit d'impôt transition énergétique, l'éco-PTZ ou encore la Prime Renov'.

Consommer, c’est polluer

C’est aussi dans nos actions de tous les jours que nous avons un impact sur la planète. Déjà avec le chauffage et la climatisation de nos logements. Selon l'ADEME en 2023, cela représentent environ 67 % de la consommation totale d'énergie des bâtiments résidentiels.

Finalement, notre mode de vie dépend grandement du type de logement que nous habitons. Les maisons récentes comme les maisons BBC (Bâtiments Basse Consommation) offrent un confort thermique optimal qui facilite notre quotidien face aux variations climatiques. Par contre, si vous vivez dans un appartement ou une maison classés DPE F, logiquement beaucoup plus énergivore, il n’est pas rare de plutôt privilégier le confort immédiat plutôt que de réduire sa consommation énergétique.

Mais ce n’est pas tout. L'eau joue un rôle essentiel dans nos habitudes de consommation quotidienne. En France, bien que l'eau soit relativement abondante, elle n'est pas infinie. Les épisodes de sécheresse deviennent de plus en plus fréquents et intenses en raison du réchauffement climatique et au secteur agro-industriel, gros consommateur d’eau,, ce qui fragilise nos réserves. En 2023, la production d'eau chaude sanitaire représentait environ 25 % de la consommation d'eau domestique en France, selon l'ADEME.

En plus d'être une ressource limitée, la production d'eau potable et le traitement des eaux usées nécessitent une quantité considérable d'énergie et génèrent des gaz à effet de serre. D'après un bilan des émissions de gaz à effet de serre en France publié par l'ADEME en 2022, le traitement de l'eau et des déchets représentait 2,2 % des émissions nationales en 2021.

Vous comprenez mieux pourquoi on nous invite à économiser l'eau.

N’oublions pas les déchets

En France aujourd'hui, chaque habitant produit en moyenne 7 kg d'emballages ménagers par semaine, d'après Citeo, spécialiste du recyclage des emballages et papiers graphiques. Ces déchets ont un impact considérable : les déchets ménagers non triés et les encombrants mal gérés s'accumulent dans les décharges, contaminant les sols. Les lixiviats - aka le résidus liquides de la décomposition des déchets - viennent polluer les eaux souterraines en s'infiltrant dans le sol. Entre aussi dans l’équation l'incinération des déchets ou leur dépôt dans des décharges à ciel ouvert, qui libère des gaz à effet de serre et d'autres polluants dans l'atmosphère.

Selon l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), l'incinération des déchets municipaux dans l'Union européenne contribue de manière significative aux émissions de particules fines (PM2,5), des substances particulièrement nocives pour la santé humaine. Chaque année, l'OMS estime que l'exposition aux particules fines est responsable d'environ 48 000 décès prématurés en France. Ambiance.

Un habitat plus sain pour la planète, c’est possible ?

Comme le disait Gandhi : "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde." Cette maxime s'applique aussi à votre domicile. Aujourd'hui, il est tout à fait possible d'adopter des actions à fort impact, que vous soyez propriétaire ou locataire.

D'ailleurs, une grande majorité de Français y croit : selon le baromètre de la Fondation pour la Nature et l'Homme de 2023, 77 % des Français modifient leurs habitudes de vie pour préserver la biodiversité et le climat.

Les améliorations dans votre habitat

L'une des premières mesures ayant un impact positif sur notre planète est la rénovation énergétique. En France, en 2023, l'Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) a recensé environ 5,2 millions de passoires thermiques, ce qui représente 17,3 % du parc des résidences principales.

Pour encourager cette transition, le gouvernement a investi massivement pour soutenir les ménages. À juste titre, la rénovation énergétique des habitations pourrait permettre, une réduction de la consommation énergétique de 50 à 80 % en moyenne, comme le souligne le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires.

Exemple
Prenons l'exemple de Minh et Josy, qui ont récemment acquis une maison individuelle des années 70 non isolée, consommant en moyenne 250 kWh d'énergie par m² et par an pour le chauffage. Grâce à l'isolation des murs, des toitures et des planchers, cette consommation pourrait chuter à 75 kWh/m²/an, représentant une économie de 70 %. Imaginez l'impact similaire pour toutes les passoires thermiques en France !

Vous avez sûrement entendu parler de vos voisins qui ont troqué leur chaudière à fioul pour une pompe à chaleur, un geste hautement bénéfique pour l'environnement. En effet, selon une étude de Citeo en 2022, remplacer votre système de chauffage peut diviser par deux, voire par trois, votre consommation d'énergie pour le chauffage.

Concrètement, le passage d'une chaudière fioul à une chaudière à condensation gaz peut réduire la consommation d'énergie de 50 % à 60 %, tout comme le remplacement d'une chaudière électrique par une pompe à chaleur.

Les initiatives du quotidien pour rendre son habitat moins polluant

Agir au quotidien, c’est aussi avoir un impact. Certains choisissent de réduire leur temps sous la douche, économisant ainsi environ 120 litres d'eau en passant de 10 minutes à 5 minutes. D'autres pensent à éteindre les lumières en quittant une pièce (après tout, ce n'est pas Versailles ici), ce qui permet d'économiser environ 10% d'énergie par foyer en France selon l'ADEME.

Changer de fournisseur d'énergie pour opter pour une énergie verte est également une action significative. Selon une étude de l'ADEME en 2021, passer à une électricité 100 % renouvelable pourrait réduire de 70 % les émissions de CO2 du secteur résidentiel français.

Pour aller plus loin encore, certains imaginent la maison de demain en s'inspirant de celle d'hier.

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Ces innovations qui existent déjà

Parmi toutes les solutions pour rendre nos habitats plus respectueux de notre planète, les modes de construction durables jouent un rôle clé dans la lutte contre la pollution liée au secteur du bâtiment.

Pourquoi ? Parce que les bâtiments durables sont conçus pour être économes en énergie, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, une maison passive (aka une maison très isolée et performante qui réduit les besoins en énergie au minimum) peut consommer jusqu'à 75 % moins d'énergie qu'une maison traditionnelle en utilisant efficacement la chaleur naturelle générée à l'intérieur et l'ensoleillement extérieur, nécessitant ainsi peu voire pas de chauffage.

Réduire la consommation énergétique dans nos habitations est important, mais construire de manière moins polluante l'est encore plus.

Comment les déchets du bâtiment polluent ?

En France, les déchets du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) représentent une part significative, totalisant environ 73 % de tous les déchets produits chaque année, soit plus de 400 millions de tonnes.

Ces déchets posent plusieurs défis environnementaux majeurs. Les lixiviats - aka les liquides produits lors de la décomposition des déchets - peuvent contaminer les sols et les eaux souterraines, tandis que l'incinération des déchets et la fabrication de nouveaux matériaux de construction contribuent aux émissions de gaz à effet de serre.

C’est sans compter la production et le transport des matériaux de construction qui nécessitent une importante quantité d'énergie et d'eau. Certains matériaux sont même dangereux, comme certaines peintures et solvants.

C’est quoi la solution ? Opter pour des techniques de construction durable pour réduire considérablement la quantité de déchets générés lors de la construction des bâtiments.

Comment ?

  • privilégier les matériaux préfabriqués réduit les chutes de matériaux sur les chantiers,

  • utiliser des matériaux recyclés et recyclables, comme le métal, le verre et le plastique pour diminuer la consommation de ressources naturelles et la production de déchets,

  • préférer les matériaux locaux réduit le transport,

  • opter pour des matériaux biosourcés comme le bois, le bambou et le chanvre qui offrent des alternatives durables au béton et à l'acier, avec une empreinte carbone réduite et une meilleure renouvelabilité.

Les innovations et les possibilités sont de plus en plus nombreuses et un article ne serait pas suffisant pour leur faire justice. C’est pourquoi nous présenterons, dans notre dossier dédié, ces initiatives qui changent la donne et qui nous prouvent qu’il est possible de réconcilier environnement et habitat.

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