Cet acteur clé prédit une hausse des taux en 2026 et voilà pourquoi
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Depuis quelques mois maintenant, les taux immobiliers évoluent avec au-dessus de leur tête une épée Damoclès : le contexte géopolitique et économique mondial. Entre les décisions du président des États-Unis qui ont entraîné un léger sursaut des taux d’emprunt au printemps et l’impasse actuelle sur le déficit public en France, à quoi doit-on s’attendre dans les prochains mois ? Décryptage.
En 2026, une année de hausse ?
Selon la toute dernière analyse de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, les taux immobiliers pourraient repartir à la hausse en 2026. "Pour 2026, nous pensons que l'environnement macroéconomique va accompagner une remontée des taux des crédits immobiliers" a expliqué Michel Mouillart, professeur d’économie et porte-parole de l’Observatoire, lors de la présentation du 17 juillet.
Alors que l’année 2025 “retrouve des couleurs” les intentions d’achat reculent et la situation politique et économique reste incertain. Dans ce contexte, la stabilité actuelle des taux pourrait n’être qu’une parenthèse, avant un possible rebond dès l’an prochain pour atteindre 3,40% selon le professeur d'économie.
“Si le projet de loi de finances pour 2026 est adopté tel qu'on le voit se décrire au travers (...) des orientations que (le premier ministre François Bayrou, NDLR) a pu présenter, on n'aura pas un grand coup de soutien au secteur du logement en 2026”.
Serrer la vis du budget
Alors, quand le premier ministre François Bayrou a lancé, l’air grave, son “moment de vérité” le 15 juillet dernier, tout le monde a retenu son souffle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses propositions pour atteindre l’objectif de réduction de 43,8 milliards d’euros du déficit public n’a ravi ni l’opposition, ni les syndicats, qui menacent de rejeter le texte en l’état actuel et d’appeler à la mobilisation. Ambiance.
Un contexte qui ne rassure pas les établissements bancaires sur plusieurs points. Car combler la dette publique implique de faire des économies et de trouver des recettes supplémentaires. Traduction : hausse des impôts pour certains, réduction des aides publiques pour d’autres. Ce qui risque de causer un ralentissement de la consommation et de l’investissement. Et forcément, les banques suivent ça de près, car des emprunteurs fragilisés économiquement, c’est plus de risques à gérer pour elles.
Et ce n’est pas tout. Le gouvernement français est maintenant dans le viseur des agences de notation, qui évaluent la capacité du pays à rembourser sa dette. Si la réponse apportée par le gouvernement ne les satisfait pas, le couperet pourrait tomber : une dégradation de la note de la France, qui ferait monter les taux sur le marché.
À ce jour, la France est notée AA- par S&P, c'est-à-dire qu’elle est considérée comme un emprunteur plutôt fiable. Mais pour combien de temps ?
Si sa note était amenée à baisser, la France devra verser des intérêts plus élevés aux investisseurs, et ce coût finit par peser indirectement sur toute l’économie (notamment les taux de crédit immobilier).
“Ce sera tout ?” Pas tout à fait. Le discours de François Bayrou a montré, une fois de plus, combien son gouvernement actuel est contesté, et suscite les tensions sociales - avec des appels à manifester à la rentrée. Rien ne présage que le budget soit accepté directement, et des modifications et des blocages sont à prévoir. Or l’instabilitérime avec impact économique. Pas de quoi réjouir les banques, qui redoutent l’incertitude politique. D’ailleurs, celle-ci ne se cantonne pas à nos frontières.
La géopolitique dans l'échiquier
Côté international, les sources d'inquiétude non plus ne manquent pas. À commencer par la guerre en Ukraine qui se poursuit, alors même que les débuts des combats avaient causé la flambée des taux. Aujourd’hui, le conflit continue de peser sur l’écosystème politique européen.
Tout comme les tensions entre les États-Unis et la Chine, qui affectent le commerce mondial. Les deux pays se sont lancés dans une course aux ressources stratégiques (dont les terres rares), développant leur chaîne d’approvisionnement, qui nécessite des investissements publics massifs… en contradiction avec les efforts de rigueur budgétaire.
Sans oublier l’augmentation des droits de douane (taxes prélevées sur les produits importés par les Etats-Unis) prévue au 1er août prochain. Or, la France reste très dépendante des échanges extérieurs, et cette augmentation est un risque économique et donc budgétaire indirect. Pas de quoi rassurer les banques.
Si a priori on pourrait penser qu’il n’y a pas de lien direct entre les taux de crédit et la situation actuelle, les impacts sont pourtant bien réels, à la fois directs et indirects. Déjà, pour réussir à réduire le déficit public, l’État français doit emprunter moins ou à des taux plus intéressants. Mais pour ça, il doit rassurer les marchés financiers sur sa capacité à rembourser, un peu comme vous lors d’une demande de prêt. Si les marchés ont des doutes sur la solidité budgétaire française, alors les choses se corsent.
Comment ? Les taux de l’emprunt de l’État sur 10 ans (les OAT, obligations assimilables du Trésor) pourraient remonter. “Quel rapport avec mon crédit immo ?” Eh bien, comme l’OAT sert de référence pour calculer les taux immobiliers, qui dit hausse de leur niveau dit stagnation ou hausse des taux de crédit immobilier.
Aussi, les tensions internationales actuelles peuvent provoquer une fois encore une hausse des prix de l’énergie ou des matières premières et donc faire augmenter l’inflation même de façon temporaire. Et si l’inflation repart, la BCE (Banque centrale européenne) pourrait ralentir ou suspendre ses baisses de taux directeurs (taux auxquels les banques commerciales lui empruntent elles-mêmes de l’argent) voire les remonter.
Acheter ou attendre ?
Si les professionnels espéraient de plus nettes évolutions, la baisse et la stabilisation des taux permettent déjà à beaucoup de concrétiser leur projet d’achat. Dans un climat aussi incertain, attendre n’est pas forcément la stratégie la plus sage. On ne peut pas prédire si les taux continueront de baisser, mais une chose est sûre : les taux actuels offrent déjà de belles opportunités pour passer à l’action.
La vigilance est donc de mise autant pour les acheteurs que pour les investisseurs. Jusqu’ici, dans un contexte déjà incertain, les taux sont descendus (pas aussi vite que le marché l’espérait début 2024) et stagnent maintenant depuis plusieurs mois. Signe que l’on peut tout de même concrétiser ses projets immobiliers même avec prudence.